Description
La légende a dressé un portrait terrifiant de Moussorgski, une sorte d’ogre si l’on se réfère au portrait qu’en fit Répine en 1881 ! Dans l’imagerie occidentale, il représente à lui seul le mythe de l’artiste russe génial, mais analphabète et alcoolique. La réalité est bien différente comme le prouvent les chefs-d’œuvre d’inspiration que sont, entre autres, La Nuit sur le mont chauve, Boris Godounov, La Khovantchina et les Tableaux d’une exposition.
Pour tout pianiste, l’interprétation des Tableaux d’une exposition représente un double défi. Le premier est assurément d’ordre technique, mais il n’est pas le plus important. Le deuxième réside dans la si délicate restitution des différentes atmosphères.
S’agit-il des différentes scènes d’un opéra « sans parole » ? Le moindre écart de respiration entre les tableaux, d’illogisme dans la construction peut anéantir la progression dramatique de l’ensemble. La version de Jean-Philippe Collard se démarque par sa fluidité et son naturel merveilleux. Il renouvelle sans cesse son toucher, pensant d’abord les Tableaux d’une exposition… dans leur nature orchestrale. Jamais l’artiste ne cherche à en faire trop, peignant chaque tableau avec imagination mais sobriété, toujours soucieux d’équilibre. Grâce à ce sens de la narration, Baba Yaga et la Grande Porte de Kiev tapent dans le mille. Cette énergie qui déborde rappelle un certain Horowitz avec lequel Jean-Philippe Collard avait noué une belle amitié en ces années cruciales où se forge la maturité artistique.
Composés en 1896, les Six Moments musicaux témoignent du génie mélodiste de Rachmaninov. Dans ces pages, il rend hommage à plusieurs compositeurs du Romantisme dont, en premier lieu, Franz Schubert, auteur d’une série deMoments musicaux. Mélodies slaves, rythmes échevelés, méditations ou souvenirs de la puissance de l’orchestre fusionnent dans ces pièces du compositeur russe, qui évoquent davantage des impressions que des lieux ou des personnages.