Plein Jeu

• J.S. Bach / F. Busoni – Prélude et Fugue en Ré majeur, BWV 532 : Präludium – Moderato / Fuga – Allegro moderato 13’30
• J.S. Bach / F. Busoni – Toccata, Adagio et Fugue en Ut majeur, BWV 564 : Preludio / Intermezzo – Adagio / Fuga 19’01
• J.S. Bach / F. Busoni – Choral “Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ”, BWV 639 3’40
• J.S. Bach / F. Busoni – Prélude et Fugue en Mi bémol majeur, BWV 552 : Präludium – Moderato maestoso / Fuga – Allegro risoluto 17’33
• J.S. Bach / F. Busoni – Choral “Nun komm, der Heiden Heiland”, BWV 659 5’01
• J.S. Bach / F. Busoni – Toccata et Fugue en Ré mineur, BWV 565 : Adagio – Prestissimo / Fuga – Allegro sostenuto 9’40

Jean-Philippe Collard

Jean-Philippe Collard entre en scène comme on entre en musique : avec pudeur, précision, et une élégance discrète. Chaque geste, mesuré, semble déjà porter en lui l’écho des notes à venir. Avant même le premier accord, le dialogue est engagé — un échange silencieux, fait de regards et d’écoute, d’attention réciproque entre l’artiste et son public.

Cette apparente simplicité masque la tension des heures précédentes, le calme construit sur le fil, le corps dompté, la pensée clarifiée. Pour Collard, il s’agit de « se laisser aspirer par la musique » afin de retrouver la spontanéité nécessaire à la communion avec l’auditoire. Jouer, alors, devient un acte de partage essentiel. Non pas démonstratif, mais sincère, presque vital. Une offrande sans attente, nourrie par des décennies de concerts et plus de soixante enregistrements.

À l’écart des lectures cérébrales, l’interprète revendique une approche sensible : « Il faut toucher au cœur, sans trop intellectualiser. » De Chopin à Rachmaninov, en passant par Schumann, Fauré ou Saint-Saëns, il explore les grandes terres du romantisme et deux siècles de musique française, guidé par une quête constante de beauté et de vérité intérieure.

Pour Jean-Philippe Collard, le son est couleur, nuance, matière vivante. « Affamé de couleurs », il sculpte ses paysages sonores avec une délicatesse de gourmet. Les accords s’étirent comme une lumière changeante, les arpèges se parent de reflets subtils, et chaque timbre semble respirer. De Pierre Sancan à Vladimir Horowitz, des scènes du monde entier aux grandes collaborations orchestrales, Collard a bâti un univers à son image : raffiné, vibrant, profondément humain.

Un hommage continu à ses maîtres — les compositeurs — et à cet art de la couleur sonore, devenu chez lui une seconde nature.