Description
Tous les livrets de CD consacrés aux Variations Goldberg évoquent, sans trop y croire, l’histoire d’un jeune claveciniste, élève de Bach, engagé par un comte insomniaque pour lui jouer les variations qu’il avait commandées à Jean-Sébastien afin de lui apporter des distractions nocturnes qui l’aideraient à retrouver le sommeil. La présentation des Variations interprétées par Frédérick Haas n’échappe pas à cette règle. Mais sauf à considérer que le jeune premier (Johann Gottlieb Goldberg) était dans une aile du château, et le noble second (Keyserling) dans l’autre, Frédérick Haas ne croit pas du tout à cette histoire : aux commandes de l’impressionnant clavecin Hemsch de 1751, d‘une prodigalité sonore enivrante, il joue sur les effets de masse sonore comme rarement. Du Sturm and Drang avant l’heure, qui ne met guère en valeur les richesses structurelles et les subtilités mélodiques de la partition de Bach : adieu les myriades de petites pages distillées par Andreas Staier, bienvenue aux longues secousses telluriques. La prise de son est à l’avenant. Cela pourra plaire à condition d’être équipé d’un matériel audio adapté – baladeurs et oreillettes fortement déconseillées.