Où Pascal Amoyel interprète les « Polonaises » op. 26, 40, 44 et 53 – métaphores de la diaspora polonaise, de l’exil, de la douleur, du désespoir… Avec, en outre, la « Polonaise-Fantaisie » op. 61, synthèse des pièces précédentes, œuvre visionnaire à laquelle le grand Liszt, lui-même, reconnut ne comprendre goutte…
Pascal Amoyel rappelle : « Lorsque j’étais enfant, vers 6, 7 ans, j’essayais de reproduire d’oreille les musiques que j’entendais et Chopin y figurait en bonne place… lorsque j’ai commencé mes vraies études de piano à 10 ans, c’est naturellement vers Chopin, mais aussi vers Liszt que je me suis tourné ». Après son Baccalauréat scientifique, il étudie à l’École Normale de Musique de Paris, puis au CNSM où il obtient en 1992 les Premiers Prix de Piano et de Musique de chambre ; il est aussi Lauréat des Fondations Menuhin et Cziffra, titulaire du Premier Prix du Concours international des Jeunes Pianistes de Paris et remporte une « Victoire de la Musique » dans la catégorie « Révélation soliste instrumental de l’année ». Il se perfectionne également auprès d’Aldo Ciccolini, Pierre Sankan. Son rayonnement national et international est considérable.
La Polonaise est une danse lente et solennelle à trois temps très populaire depuis le XVIIe siècle, employée lors de processions et de festivités, parfois chantée et provenant de la musique populaire polonaise rurale, forme empruntée par Jean Sébastien Bach dans sa Suite française n°6 (BWV 817), puis par son fils Carl Philipp Emanuel dans la musique de clavecin, également traitée par Telemann, Haydn et Beethoven (Rondo alla Pollaca). Les nombreuses Polonaises de Frédéric Chopin (1810-1849) marquent l’apogée du genre et le renouvellement de la forme. La présentation particulièrement somptueuse, bien illustrée, comporte des introductions multilingues… Après son inoubliable enregistrement des Nocturnes en 2014, Pascal Amoyel s’attaque aux redoutables Polonaises (op. 26, 40, 44, 53) ainsi qu’à la Polonaise-Fantaisie (op. 61). L’éminent pianiste résume ainsi sa démarche : « Dans mon imaginaire, les Polonaises de Chopin avec leur ton si affirmatif, leur dimension narrative, et surtout cet élan qui se marie naturellement à celui qu’on éprouve en découvrant puis en maîtrisant le piano, devinrent très tôt des buts à atteindre ». Pour ce disque — réalisé en août 2015 à l’Église luthérienne du Bon Secours (Paris) —, Pascal Amoyel a judicieusement sélectionné un Piano Steinway (D 357) qui s’impose par sa palette sonore exceptionnelle que le musicien exploite, tour à tour, avec élan, brio, envolées lyriques bien enlevées, énergie ou encore émotion, rêverie… grâce à sa technique hors pair, son jeu perlé, son toucher délicat, son sens du phrasé et du rythme, et son intellection de ces pages de Chopin. Pour conclure, la Polonaise-Fantaisie (op. 61), en La b, composée en 1845-1846, œuvre plus libre en 3 parties : vif-lent-vif, avec une grande variété mélodique, représente en quelque sorte la synthèse des autres Polonaises. Le compositeur fait appel au lyrisme et au caractère exubérant, contrastant avec la mélodie plus tendre dans le mouvement central Lento, puis à un grand déploiement de force en conclusion. Incontestablement, les mélomanes se laisseront entraîner et envoûter par ces Polonaises.