Description
Le premier instrument de Manuel De Falla fut le piano. Les Quatre Pièces espagnoles sont autant des paysages sonores qu’un hommage à Isaac Albeniz, modèle indépassable.
A partir du clavier en noir et blanc il imagina les couleurs de son orchestre vif, sec, crépitant comme un immense ensemble de percussions de timbres. La précision ascétique de sa pensée musicale s’incarne dans la Fantaisie bétique, où règne un soleil meurtrier, mais l’imagination de son univers créatif réincarne aussi le ton néo-baroque du Tricorne dans un instrument qui se souvient de Scarlatti.
Pourtant ce piano-monde est d’abord celui de l’Andalousie gitane, lorsque le compositeur décide d’y résumer le petit orchestre de la version originale de L’Amour sorcier qui ne se limite pas au brio de la Danse du feu : un théâtre s’y incarne, toute une culture du Cante jondo s’y sublime, transportant l’auditeur dans les sortilèges d’un cercle flamenco, piano-guitare, piano-voix où se sédimente le chant immémorial d’une Espagne multiple dont le jeu brillant et profond de Wilhem Latchoumia dit tout.