12 FRANZ LISZT
La Légende Saint François de Paule marchant sur les flots
est-elle une
œuvre mystique ? Et d’ailleurs en quoi consisterait le mysticisme de Liszt
au travers de ses œuvres pianistiques ?
Doit-on, peut-on parler de mysticisme au sujet de Franz Liszt ?
Je ne crois pas que ce terme s’applique à toute sonœuvre. Je lui préfère « croyance »,
religiosité, la foi qui en est l’origine et qui était plus idéalement vécue à la période
dite « romantique ». Les sentiments prenaient une dimension, une ferveur
débordant l’individu lui-même. En fait, je lierais plus directement lemotmysticisme
aux brumes mystérieuses, voire surréelles, d’un Scriabine. Chez Liszt, j’y vois plutôt
la posture d’un homme, certes doutant, s’interrogeant, mais habité par une foi
absolue pour y répondre, et qui ne laisse pas de place à « l’encensmystique » tel qu’on
peut le percevoir de nos jours.
La
Sonate en si mineur
est-elle l’alpha et l’oméga de la pensée musicale de
son auteur ? Comment avez-vous abordé cette œuvre, et éventuellement
quels pianistes vous ont inspiré ici ?
J’ai attendu longtemps avant d’écouter les
Sonates en si mineur
de mes grands
prédécesseurs, les Maîtres : Vladimir Horowitz, Alfred Brendel, Annie Fischer,
Martha Argerich par exemple, tous si différents, car j’ai très tôt fait de la
Sonate en si
mineur
« mon » histoire, tant j’étais porté par l’événement que je vivais. J’ai pourtant
l’habitude de prendre conseil auprès demes aînés, mais dans ce cas précis jeme suis
trouvé en face d’une des expériences parmi les plus belles et aussi les plus étranges
que j’ai vécues. Seul avec cetteœuvre, avant de la confronter dangereusement avec
l’écoute d’autres versions...