Background Image
Previous Page  10 / 64 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 10 / 64 Next Page
Page Background

10 ALBUM D’UN VOYAGEUR

Avez-vous ressenti un défi comparable avec le troisième des

Chants russes

Op.41 de Rachmaninov ?

En effet. Le chœur prononce souvent, sur les mêmes notes, un texte différent,

mais on peut trouver quelques astuces au piano pour varier cela. L’important est

de préserver la dimension traditionnelle du chant et d’un orchestre qui imite

la balalaïka. La pièce est ancrée dans le folklore et demeure finalement peu

harmonisée, mais Rachmaninov s’y manifeste par petits ajouts caractéristiques.

Elle porte une grande nostalgie, celle de l’époque de l’exil américain. D’ailleurs, les

Trois Chants russes

composés presque en même temps que le

Quatrième Concerto

pour piano

ont été dédiés au chef d’orchestre Leopold Stokowski. Autant le

Concerto

a eu peu de succès, autant les trois chants ont été favorablement accueillis. Le

troisième -

Belles joues roses et blanches

- dont le texte raconte très simplement une

dramatique histoire de jalousie, est d’une beauté extraordinaire.

Quel est le langage des

Danses paysannes norvégiennes – Slåtter

– de

Grieg ?

J’ai sélectionné trois des dix-sept pièces du cycle. Un coup de cœur, à nouveau. Dans

ces morceaux qui sont rarement joués, Grieg emploie un langage très original, plus

rugueux, dont les dissonances conservent aux thèmes leur rusticité, afin d’évoquer

le jeu des ménétriers. On y entend des effets suggérant l’arrivée et l’éloignement

progressifs d’un groupe de musiciens, comme dans la deuxième pièce retenue ici.