

7
QUATUOR TALICH
La colère et la déception ouvrent le premier mouvement du Quatuor (allegro).
Le deuxième thème est d’un climat plus reposé, le musicien se réfugiant dans la
solitude. L’allegromoderato qui suit se souvient de l’opus précédent non seulement
par l’emploi de la tonalité de Mi mineur mais également par l’utilisation d’une
danse, une polka. Elle disparaît dans l’andante cantabile, une tendre berceuse au
rythme d’une dumka. Le troisième mouvement (Allegro non più moderato, ma
agitato e con fuoco) dévoile dans un ton plus grave des éléments de fugue ; ils
donnent l’impression d’une écriture sans repères, heurtée.
Bedřich Smetana rend un hommage probablement involontaire à Beethoven dans
une atmosphère de brisures ; on perçoit une écriture particulièrement travaillée
et les réminiscences du dernier opéra,
Le Mur du Diable
. Le finale (presto) signe la
dernière partitionde chambre de Smetana dans unparfumrésolument tchèque. En
effet, dans l’ivresse d’une polka, le compositeur adresse un adieu vibrant de passion
à une culture qu’il n’a cessé de promouvoir tout au long de sa vie. Il nommera à juste
titre ce finale, le « triomphe sur le destin ».
La densité de l’écriture, son coté lapidaire sont profondément novateurs pour
l’époque. Arnold Schoenberg exprima son admiration pour l’œuvre qu’il étudia en
détails. Quant à Leoš Janáček, il revendiqua une filiation musicale avec Smetana
dont la musique influença ses propres partitions.
Le
Quatuor en Ré mineur
fut créé au Konvikt de Prague le 3 janvier 1884, quatre mois
avant la mort du compositeur.