LDV126

TCHAÏKOVSKI GRIEG SIBELIUS GLINKA VANESSA WAGNER

Tchaikovsky Grieg Sibelius Glinka Everlasting Seasons

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) Les Saisons op.37a / The Seasons / Die Jahreszeiten 40'32 Janvier - Au coin du feu / January: By the Fireside / Januar - Am Kamin 5'07 Février - Le Carnaval / February: Carnival / Februar - Karneval 2'53 Mars - Chant de l'alouette / March: Song of the Lark / März - Lied der Lerche 1'53 Avril - Perce-neige / April: Snowdrop / April - Schneeglöckchen 2'19 Mai - Les Nuits de mai / May: White Nights / Mai - Helle Nächte 3'38 Juin - Barcarolle / June: Barcarolle / Juni - Barkarole 5'42 Juillet - Chant du faucheur / July: Reaper’s Song / Juli - Lied des Schnitters 1'22 Août - La Moisson / August: The Harvest / August - Die Ernte 2'57 Septembre - La Chasse / September: The Hunt / September - Die Jagd 2'43 Octobre - Chant d'automne / October: Autumn Song / Oktober - Herbstlied 4'00 Novembre - Troïka / November: Troika / November - Troika-Fahrt 2'40 Décembre - Noël / December: Christmas / Dezember - Weihnachten 5'18 Vanessa Wagner piano, Klavier

Edvard Grieg (1843-1907) Pièces Lyriques / Lyric Pieces / Lyrische Stücke 21'42 Livre III Op. 43 Nr. 1 - Papillon / Butterfly / Schmetterling, Allegro grazioso 2'05 Livre III Op. 43 Nr. 4 - Oisillon / Little Bird / Vöglein, Allegro leggiero 1'49 Livre IV Op. 47 Nr. 1 - Valse-Impromptu, Allegro con moto 3'06 Livre IV Op. 47 Nr. 3 - Melodie, Allegretto 4'35 Livre IV Op. 47 Nr. 7 - Élégie, Poco Andante 2'41 Livre VIII Op. 65 Nr. 6 - Jour de noces à Troldhaugen / Wedding Day 5'36 at Troldhaugen / Hochzeitstag auf Troldhaugen, Tempo di Marcia un poco vivace Livre IX Op. 68 Nr. 2 - Menuet de la grand-mère / Grandmother’s Minuet / 1'50 Großmutters Menuett, Allegretto grazioso e leggierissimo Jean Sibelius (1865-1957) Six Impromptus Op. 5 (extraits) 10'32 Impromptu III - Moderato (alla marcia) 2'19 Impromptu V - Vivace 3'41 Impromptu VI - Comodo 4'39 Mikhaïl Ivanovitch Glinka (1804-1857) La Séparation, Nocturne en Fa mineur / F minor / f-moll - Comodo 4'19 TT: 77'16 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 5

Sa curiosité, sa soif de découverte et son audace l’ont conduite à cultiver l’éclectisme, à suivre des chemins peu empruntés et à nous mener là où on ne l’attendait pas forcément. Très impliquée dans le domaine de la création, elle se prend également de passion pour le courant minimaliste et témoigne d’un penchant pour la musique de l’épure.

7 VANESSA WAGNER De ses multiples immersions dans des univers sonores souvent hypnotiques, Vanessa Wagner est sortie différente, plus libre et encline à se dévoiler. C’est ainsi qu’elle nous livre aujourd’hui son disque sans doute le plus personnel, dont elle a mûri le programme pendant deux longues années, construisant un récit imaginaire et fantasmé à partir de miniatures de Grieg, Tchaïkovski, Sibelius et Glinka. La pianiste se fait autrice et narratrice d’un récit d’ombres et de lumières.

8 EVERLASTING SEASONS Après plusieurs enregistrements consacrés à la musique américaine, dans quel état d’esprit abordez-vous le répertoire romantique ? Vanessa Wagner : Si la musique dite minimaliste a occupé une place très importante dans ma vie récemment, je n’ai jamais cessé, pour autant, de jouer le répertoire classique et romantique. J’entretiens, en particulier, une longue relation avec l’œuvre de Grieg. Ses Pièces lyriques me sont familières depuis l’enfance et j’éprouve toujours un immense plaisir à jouer son Concerto. Néanmoins, je dirais que mon exploration de ce courant qu’on appelle minimal a ouvert des portes que je n’avais pas encore franchies. C’est un univers mystérieux, introverti qui donne la sensation d’être dans l’improvisation et de voyager à l’intérieur de soimême. L’espace-temps y est différent. Mon jeu en est aujourd’hui nourri et, je crois, enrichi. Je prends davantage le temps de dire les choses et ne crains pas la lenteur. La musique m’intéresse avant tout quand elle développe une forme d’intimité.

9 VANESSA WAGNER Et cette intimité vous l’avez retrouvée chez Grieg… Le désir de ce programme est né, il y a trois ans, en pleine solitude du confinement. J’ai commencé à le construire, effectivement, autour d’une sélection des merveilleuses Pièces lyriques de Grieg, dans l’idée de les faire dialoguer avec des miniatures d’autres compositeurs. Après avoir cherché, dans un premier temps, du côté de Mendelssohn, Schubert et Schumann que j’avais beaucoup joués, le cycle des Saisons de Tchaïkovski s’est imposé comme une évidence. C’est un film de Nicole Garcia, Mal de Pierres, qui me l’a révélé. Dans une scène particulièrement touchante, Louis Garrel joue la célèbre Barcarolle de Juin, pièce que je connaissais bien sûr mais qui ne faisait pas partie de mon répertoire. Elle a résonné en moi et le lendemain, j’ai commandé la partition. J’y ai retrouvé ce ton de la confidence propre à libérer mon instinct narratif.

10 EVERLASTING SEASONS La notion même de cycle est-elle importante dans votre démarche ? La perception du temps qui passe et tout ce qui relève du cyclique me parlent profondément. D’où mon intérêt pour la musique répétitive. Je suis quelqu’un de volontiers nostalgique, je trouve que la vie est plus belle quand elle sait s’enrichir des strates du souvenir. J’aime cette idée de boucle, de recommencement perpétuel, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre à l’instar des saisons. J’essaie toujours de construire des programmes dans lesquels les œuvres entrent en résonance les unes avec les autres, se colorent mutuellement. C’est ainsi que m’est venue l’envie de créer mon propre cycle. Pour la première fois, j’ai presque la sensation de vous raconter une histoire. Venant d’une famille de littéraires, j’ai toujours été sensible aux écrits et l’idée d’inventer le mien au piano ne m’est finalement pas étrangère.

11 VANESSA WAGNER Ce récit, vous l’avez construit à partir de brèves histoires indépendantes. Il s’agit donc ici d’installer une ambiance en quelques minutes, de passer aussitôt à une autre et de donner, en même temps, une cohérence dramatique à ces enchaînements. J’adore ces changements d’atmosphères qui m’évoquent ces journées de printemps où l’on peut voir le ciel se parer de multiples lumières et couleurs différentes au fil des heures ! Cela correspond tellement à ma propre personnalité, étant d’humeur changeante, habituée à passer de la joie à la mélancolie, de la légèreté à la contemplation. Je retrouve cela dans ces cycles très contrastés où l’on doit, en un instant, créer une atmosphère propre à chaque pièce. Ils constituent une sorte de miroir de mes états d’âme. J’ai d’abord enregistré plus de pièces que l’album ne pouvait en contenir avant de faire le tri et d’imaginer un agencement correspondant au parcours narratif que je voulais suivre. Tous les paysages que décrivent les compositeurs de ce disque m’apparaissent comme les différents chapitres d’un grand journal intime.

12 EVERLASTING SEASONS Dans ce programme vous dévoilez donc beaucoup de vous-même … Probablement… Je ressens d’ailleurs un sentiment étrange lorsque j’écoute cet enregistrement, l’impression de révéler une part secrète n’appartenant qu’à moi et que chacun pourra s’approprier comme il l’entend. Plus j’avance en âge, plus la musique m’apparaît comme le lieu qui doit dire l’intime. Depuis que je joue le répertoire minimaliste notamment, je reçois de nombreux retours d’auditeurs se disant touchés par le message de l’ordre du confidentiel qu’ils perçoivent à travers le piano. J’ai pensé intituler ce programme « mes saisons » tant ces pièces écrites par un homme il y a plus d’un siècle me semblent être en résonance avec mes propres états d’âme. C’est le disque de ma maturité. J’ai passé beaucoup de temps à le faire mûrir dans mon esprit comme sous mes doigts, avant de l’enregistrer.

13 VANESSA WAGNER Tchaïkovski et Grieg perpétuent ici un langage hérité de Mendelssohn et de ses Romances sans paroles. Comment avez-vous abordé ces pages d’apparente simplicité voire naïveté mais avec lesquelles on peut dire des choses si profondes ? J’ai aussi enregistré des romances sans paroles de Mendelssohn avant de renoncer à les inclure dans l’album pour des raisons de temps imparti. Mais on est clairement dans le même esprit, de cette poésie sans mots. La brièveté de ces pièces nous permet d’éviter les débordements, d’être trop sentimental voire sirupeux. Des épanchements qu’il est plus difficile de réfréner dans le Concerto de Grieg par exemple. Je visualise ici des paysages, des éclairages nordiques, une nature dans laquelle on perçoit une grande solitude. Me reviennent également en mémoire les images du cabinet de travail de Grieg dans sa maison en Norvège que j’ai eu l’occasion de visiter et de la campagne qui l’entoure. Je n’ai pas cherché le « spectaculaire » ou le « populaire » mais une tonalité nostalgique. Des pièces comme Jours de noces à Troldhaugen ou certaines des Saisons invitent néanmoins à une délicieuse exubérance qui nous renvoie à un côté terrien, concret, vivant.

14 EVERLASTING SEASONS Contrairement à Grieg et Tchaïkovski, Sibelius n’a que très peu écrit pour le piano. Pourquoi avoir inclus dans ce programme ses Impromptus que l’on a si rarement l’occasion d’entendre ? J’ai une immense admiration pour ses grandes pages orchestrales et son Concerto pour violon est sans doute l’une des œuvres que j’ai le plus écoutées dans ma vie. Il y a, dans sa musique, une force incroyable, un côté très sombre tout comme une tendresse un peu maladive qui me bouleverse et fait écho à celles de Tchaïkovski et de Grieg. Etant de nature curieuse et avide de répertoires peu fréquentés, je souhaitais, en outre, mettre en avant quelques raretés. Certes l’écriture pianistique de Sibelius peut paraître maladroite mais certains de ses Impromptus, en particulier le cinquième, sont absolument sublimes et correspondent parfaitement à la coloration un peu fantomatique que je voulais donner à la fin de mon histoire.

15 VANESSA WAGNER La dernière plage est un petit bijou de douceur et de nostalgie. De quelle façon ce Nocturne peu connu de Glinka s’est-il révélé comme le point final de votre histoire ? Je l’ai trouvé tardivement, alors que je cherchais justement à terminer mon récit. Son titre, La Séparation, renvoie au film qui a été l’une des sources d’inspiration de ce programme. Il dépeint la solitude dans laquelle peut conduire la quête d’un amour fantasmé et inaccessible, ce qui n’est pas sans rappeler la propre vie de Tchaïkovski et le thème favori du romantisme. Cette pièce de Glinka m’est alors apparue comme la fin de l’histoire que j’avais moi-même imaginée. Elle concluait, avec douceur et sensualité, ce parcours teinté de tendresse, de tristesse et d’espoir, à l’image du cycle des saisons.

17 VANESSA WAGNER Vanessa Wagner Décrite par le quotidien Le Monde comme « la pianiste la plus délicieusement singulière de sa génération », Vanessa Wagner poursuit une carrière à son image, originale et engagée, mêlant les récitals classiques, la création contemporaine, la pratique des instruments anciens, la musique de chambre. Ces dernières années, elle a initié nombreuses collaborations et créations transversales, rencontrant la musique électronique, la danse, la vidéo, la poésie. Depuis sa Victoire de la Musique en 1999, elle se produit un peu partout dans le monde, en soliste ou avec orchestre, dans les grands festivals, invitée régulièrement par des salles qui lui sont fidèles. Très investie dans la musique de son temps, elle est dédicataire de plusieurs pièces de Pascal Dusapin, François Meimoun, Amy Crankshaw ou Alex Nante. Sa riche discographie a été maintes fois récompensée par la presse qui salue son jeu sobre et éloquent, l’intensité de sa sensibilité et la richesse de son toucher. Son vaste répertoire sans cesse renouvelé est le miroir d’une personnalité toujours en éveil, tissant patiemment des liens entre des univers trop souvent cloisonnés. Elle est depuis 2010 Directrice du Festival de Chambord où elle élabore une programmation éclectique et a été nommée en 2020 Chevalier de la Légion d’Honneur.

Her curiosity, her thirst for discovery and her audacity have led her to cultivate eclecticism, to follow paths less travelled and to take us to places where we might not have expected her to go. Deeply committed to the process of creating new music, she has also developed a passion for the minimalist movement and a notable penchant for music stripped down to extreme starkness.

19 VANESSA WAGNER From her many immersions in often hypnotic sound worlds, Vanessa Wagner has emerged a different person, freer and more willing to reveal herself. And so it is that today she offers us what is probably her most personal recording, a programme she developed over two long years, constructing an imaginary, fantasised narrative based on miniatures by Grieg, Tchaikovsky, Sibelius and Glinka. The pianist becomes the author and narrator of a story of shadows and light.

20 EVERLASTING SEASONS After several recordings devoted to American music, what is your frame of mind as you return to the Romantic repertoire? Vanessa Wagner: Although what is sometimes known as ‘minimalist’ music has played a very important role in my life recently, I have never stopped playing the Classical and Romantic repertoire. In particular, I’ve had a long relationship with the works of Grieg. I’ve known his Lyric Pieces since I was a child, and I still get immense pleasure from playing his Concerto. Nevertheless, I would say that my exploration of the so-called minimal movement has opened doors that I hadn’t gone through before. It’s a mysterious, introverted universe that gives you the feeling of being in a state of improvisation and travelling inside yourself. The space-time continuum is different there. My playing is now nourished and, I believe, enriched by it. I take more time to say things and I’m not afraid of slowness. Music interests me above all when it develops a form of intimacy.

21 VANESSA WAGNER And you rediscovered that same intimacy in Grieg? The impulse for this programme was born three years ago, in the solitude of lockdown. I began to build it around a selection of Grieg’s wonderful Lyric Pieces, with the idea of creating a dialogue between them and miniatures by other composers. After initially looking in the direction of Mendelssohn, Schubert and Schumann, whom I’d played a lot, I hit on Tchaikovsky’s cycle The Seasons as the obvious choice. It was a film by Nicole Garcia, Mal de pierres (From the Land of the Moon), that brought this music to my attention. In a particularly touching scene, Louis Garrel plays the famous ‘Barcarolle’ (June), which I knew, of course, but which didn’t figure in my repertoire. It struck a chord with me and the next day I ordered the score. I found in it the tone of intimate revelation that frees up my narrative instincts.

22 EVERLASTING SEASONS Is the very notion of a cycle important in your approach to music? The perception of time passing and anything that has a cyclical element to it speak to me deeply. Hence my interest in repetitive music. I’m a naturally nostalgic person, and I think life is more beautiful when it’s enriched by the layers of memory. I like the idea of a loop, of a perpetual recommencement, neither completely the same nor completely different, like the seasons themselves. I always try to build programmes in which the works resonate with each other, colour each other. That’s how I got the idea of devising my own cycle. For the first time, I almost feel as if I’m telling you a story. Coming from a family with a literary bent, I’ve always been receptive to the written word, and the idea of inventing my own story at the piano is not at all alien to me.

23 VANESSA WAGNER You’ve constructed this narrative from short independent stories. That means you have to set up one mood in a few minutes, then move on to another and, at the same time, confer dramatic coherence on this sequence of pieces. I love these changes of atmosphere, which remind me of spring days when you can see the sky adorned with many different lights and colours as the hours go by! It corresponds so well to my own personality, since I’m a moody person, accustomed to moving from joy to melancholy, from light-heartedness to contemplation. And that’s something I find this in these highly contrasting cycles, where you have to create an atmosphere for each piece in an instant. In a sense, they mirror my states of mind. I started by recording more pieces than would fit onto the album before picking some out and thinking up an order corresponding to the narrative trajectory I wanted to follow. All the landscapes described by the composers on this album seem to me like the successive entries in a vast personal diary.

24 EVERLASTING SEASONS So you reveal a lot about yourself in this programme. Probably . . . In fact, I get a strange feeling when I listen to this recording, the impression that I’m revealing a secret part that belongs to me alone and that everyone can appropriate as they wish. The older I get, the more music seems to me to be the place that must express the intimate. Especially since I’ve been playing the minimalist repertoire, I’ve received a great many reactions from listeners who say they’re touched by the intimate, personal message they perceive through the piano. I thought of calling this programme ‘My Seasons’ because these pieces, written by a man more than a century ago, seem to me to resonate with my own moods. This is the recording of my maturity. I spent a long time maturing it in my mind and under my fingers before recording it.

25 VANESSA WAGNER In the music you’ve recorded here, Tchaikovsky and Grieg continue to use a language inherited from Mendelssohn and his Songs without Words. How did you tackle these pieces, apparently simple, even naïve, yet which can be used to say such profound things? In fact, I did record some of Mendelssohn’s Songs without Words before deciding not to include them in the album because of time constraints. But the programme clearly maintains that same spirit of wordless poetry. The brevity of these pieces allows the pianist to avoid going overboard, becoming overly sentimental or even mawkish – the sort of effusions that are harder to restrain in Grieg’s Concerto, for example. Here I visualise landscapes, Nordic light, a natural world in which you can sense a great solitude. I also recall images of Grieg’s study in his house in Norway, which I’ve visited, and of the countryside around it. I wasn’t trying to achieve anything ‘spectacular’ or ‘folky’, but a nostalgic tone. All the same, pieces like Wedding Day at Troldhaugen and some of the numbers in The Seasons do invite player and listener to enjoy a delightful exuberance that takes us back to a more down-to-earth, concrete, lively atmosphere.

26 EVERLASTING SEASONS Unlike Grieg and Tchaikovsky, Sibelius wrote very little for the piano. Why have you included his Impromptus, which are so rarely heard? I’m an immense admirer of his great orchestral works, and his Violin Concerto is probably one of the pieces of music I’ve listened to most in my life. There’s an incredible strength in his music, a very dark side as well as a somewhat morbid tenderness that moves me and echoes a similar vein in Tchaikovsky and Grieg. Being curious by nature and keen to explore lesser-known repertoire, I also wanted to spotlight a few rarities. Sibelius’s piano writing may seem clumsy, but some of his Impromptus, especially no.5, are absolutely sublime and fit in perfectly with the slightly eerie colouring I wanted to give to the end of my story.

27 VANESSA WAGNER The last track is a little gem of gentleness and nostalgia. How did Glinka’s littleknown Nocturne come to be the final point of your story? I came across it late in the day, just as I was trying to finish my story. Its title, La Séparation, brings us back to the film I mentioned earlier, which was one of the sources of inspiration for my programme. It depicts the loneliness that can result from the quest for an unattainable, fantasy love, which reminds us of Tchaikovsky’s personal life and is a favourite theme of Romanticism. Glinka’s piece seemed to me to be the end of the story I had imagined for myself. It was a gentle, sensuous conclusion to a journey tinged with tenderness, sadness and hope, like the cycle of the seasons.

29 VANESSA WAGNER Vanessa Wagner Described by the daily newspaper Le Monde as ‘the most delightfully individual pianist of her generation’, Vanessa Wagner pursues a career in her own image, rigorous, original and committed, mixing classical recitals, contemporary creation, performance on historical instruments, and chamber music. Over the past few years, she has instigated numerous transversal collaborations and creations, reaching out to electronic music, dance, video and poetry. Ever since winning a Victoire de la Musique in 1999, she has performed all over the world, as soloist or with orchestra, at the leading festivals and as a regular guest of concert halls that are faithful to her year after year. She is deeply committed to the music of her time, and is the dedicatee of several pieces by such composers as Pascal Dusapin, François Meïmoun, Amy Crankshaw and Alex Nante. Vanessa Wagner’s extensive discography has received many distinctions from the specialised press, which acclaims her sober, eloquent playing, her intense sensibility and her richly expressive touch. Her broad and constantly renewed repertory is the mirror of an ever-alert personality, patiently forging links between worlds that are too often shut off from each other. Since 2010 Vanessa Wagner has been director of the Festival de Chambord, where she devises an eclectic programme. She was appointed Chevalier de la Légion d’Honneur in 2020.

Neugier, Erkundungsdrang sowie Kühnheit nähren Vanessa Wagners breites Interessenfeld, führen sie auf selten beschrittene Wege und uns mit ihr an unerwartete Orte. Die Pianistin engagiert sich im Bereich der Kreation und begeistert sich für Minimalismus und schlichte Musik.

31 VANESSA WAGNER Aus ihrem vielfachen Eintauchen in oft hypnotische Klangwelten ging sie verändert hervor, freier und gewillter, sich zu offenbaren. Und so bietet sie uns heute ihre zweifelsohne persönlichste Platte, deren Programm sie zwei lange Jahre reifen ließ. Das Ergebnis ist eine fantastische Traumerzählung aus Miniaturen von Grieg, Tschaikowski, Sibelius und Glinka. Die Pianistin schlüpft in die Rolle der Autorin und Erzählerin einer Geschichte aus Schatten und Licht.

32 EVERLASTING SEASONS Mit welcher Einstellung sind Sie nach mehreren Einspielungen rund um die amerikanische Musik nun das romantische Repertoire angegangen? Vanessa Wagner: Zwar hat die sogenannte Minimal Music in letzter Zeit einen bedeutenden Platz in meinem Leben eingenommen, doch ich habe nie aufgehört, das klassische und romantische Repertoire zu spielen. Vor allem verbindet mich eine lange Beziehung zu Griegs Werk. Seine Lyrischen Stücke kenne ich seit meiner Kindheit und empfinde noch immer immense Freude beim Spiel seines Klavierkonzerts. Dennoch würde ich sagen, dass meine Erkundung des musikalischen Minimalismus Türen geöffnet hat, deren Schwellen ich noch nie überschritten hatte. Es ist eine mysteriöse, nach innen gekehrte Welt, die das Gefühl der Improvisation und einer Reise zu sich selbst vermittelt. Die Raum-Zeit ist darin anders. Davon ist mein Spiel heute genährt und bereichert, glaube ich. Ich nehme mir mehr Zeit, Dinge zu sagen, und fürchte Langsamkeit nicht. Musik interessiert mich vor allem, wenn sie eine Form der Nähe herstellt.

33 VANESSA WAGNER Und diese Nähe haben Sie bei Grieg gefunden… Die Lust auf dieses Programm kam mir vor drei Jahren während der Einsamkeit des Lockdowns. Ich begann, es rund um eine Auswahl der wunderbaren Lyrischen Stücke von Grieg zu erdenken, mit der Idee, sie Miniaturen anderer Komponisten gegenüberzustellen. Nach der anfänglichen Suche bei Mendelssohn, Schubert und Schumann, die ich oft gespielt hatte, schien mir Tschaikowskis Zyklus Die Jahreszeiten die offensichtliche Wahl. Darauf stieß mich Nicole Garcias Film Die Frau im Mond. In einer besonders bewegenden Szene spielt Louis Garrel die berühmte Barkarole aus Juni – ein Stück, das ich natürlich kannte, das aber nicht zu meinem Repertoire gehörte. Es klang in mir nach, und so bestellte ich am Tag darauf die Partitur. Darin fand ich den Ton der Vertraulichkeit, der meinen Erzählerinstinkt weckt.

34 EVERLASTING SEASONS Ist der Zyklusgedanke in Ihrer Herangehensweise von Bedeutung? Die Wahrnehmung der verstrichenen Zeit sowie alles, was mit dem Zyklischen zu tun hat, bergen für mich einen tiefen Sinn. Daher rührt auch mein Interesse an repetitiver Musik. Ich bin eher nostalgisch veranlagt und finde das Leben schöner, wenn es um Erinnerungen bereichert wird. Mir gefällt die Idee des sich schließenden Kreises, des immerwährenden Neubeginns, nie völlig gleich und doch nie völlig anders, genau wie die Jahreszeiten. Ich versuche stets, Programme zu konzipieren, in denen die Werke miteinander in Dialog treten und aufeinander abfärben. So bekam ich Lust, meinen eigenen Zyklus zu erschaffen. Zum ersten Mal habe ich nahezu das Gefühl, Ihnen eine Geschichte zu erzählen. Da ich aus einer literaturbegeisterten Familie stamme, lagen mir Geschichten immer am Herzen. Die Idee, meine eigene am Klavier zu erfinden, lag letztendlich nahe.

35 VANESSA WAGNER Sie haben die Geschichte aus kurzen, voneinander unabhängigen Erzählungen gestrickt. So mussten Sie für wenige Minuten eine Stimmung erschaffen, die alsbald von der nächsten abgelöst wird, wobei die Abfolge zugleich dramatisch verknüpft werden musste. Ich liebe diese Stimmungsänderungen, die mich an Frühlingstage erinnern, an denen sich der Himmel im Laufe der Stunden mit verschiedensten Lichtern und Farben schmückt! Das passt unglaublich gut zu meiner Persönlichkeit. Ich bin launisch, gehe oft von Freude zu Melancholie über, von Leichtigkeit zu Schwermut. Das finde ich in diesen kontrastreichen Zyklen wieder, bei denen man innerhalb eines Augenblicks für jedes Stück eine eigene Stimmung erschaffen muss. Sie spiegeln gewissermaßen meinen Gemütszustand wider. Zunächst habe ich mehr Stücke eingespielt, als auf dem Album Platz finden konnten, dann aussortiert und eine Reihenfolge festgelegt, die dem beabsichtigten Erzählstrang entsprachen. Die von den Komponisten der Platte beschriebenen Landschaften erscheinen mir wie verschiedene Kapitel eines großen Tagebuchs.

36 EVERLASTING SEASONS Im Programm geben Sie also viel von sich selbst preis. Wahrscheinlich… Ich fühle mich beim Anhören des Albums übrigens seltsam, weil ich den Eindruck habe, etwas Geheimes zu offenbaren, das nur mir gehört und das sich nun jeder nach Belieben zu eigen machen kann. Je älter ich werde, desto mehr scheint mir Musik das Innerste ausdrücken zu müssen. Vor allem seit ich das minimalistische Repertoire spiele, sagen mir viele Zuhörer, dass sie die vertrauliche Botschaft des Klaviers berührt. Ich wollte das Programm erst „Meine Jahreszeiten“ nennen, so sehr spiegeln die Stücke, die ein Mann vor über hundert Jahren geschrieben hat, mein eigenes Gemüt wider. Mit dieser Platte habe ich meine Reife erreicht. Ich habe viel Zeit damit verbracht, sie in Gedanken und unter meinen Fingern reifen zu lassen, bevor ich sie eingespielt habe.

37 VANESSA WAGNER Tschaikowski und Grieg führen hier das Vermächtnis von Mendelssohns Liedern ohne Worte weiter. Wie sind Sie die scheinbar schlichten oder gar naiven Stücke angegangen, mit denen man derart Tiefsinniges ausdrücken kann? Ich habe auch Stücke aus Mendelssohns Liedern ohne Worte eingespielt, sie jedoch aus Zeitgründen nicht ins Album aufgenommen. Aber die Stimmung der Poesie ohne Worte passt auf jeden Fall. Durch die Kürze der Stücke lassen sich übermäßig sentimentale oder gar schnulzige Ausschweifungen vermeiden. In Griegs Klavierkonzert zum Beispiel kommt man um derartige Ergüsse schwieriger herum. Hier stelle ich mir Landschaften vor, Nordlichter, eine Natur, in der völlige Einsamkeit herrscht. Zudem erinnere ich mich an Griegs Arbeitszimmer in seinem Haus in Norwegen, das ich besucht habe, und die Landschaft drumherum. Ich strebe nichts „Spektakuläres“ oder „Populäres“, sondern einen nostalgischen Klang an. Dennoch laden Stücke wie Hochzeitstag auf Troldhaugen oder bestimmte Jahreszeiten zu einem köstlichen Überschwang ein, der uns auf eine irdische, konkrete, lebendige Ebene holt.

38 EVERLASTING SEASONS Im Gegensatz zu Grieg und Tschaikowski hat Sibelius nur wenig fürs Klavier komponiert. Warum haben Sie seine so selten gehörten Impromptus ins Programm aufgenommen? Ich bewundere seine großen Orchesterstücke sehr, und sein Violinkonzert ist zweifelsohne eines der Werke, das ich am meisten in meinem Leben gehört habe. Seine Musik birgt eine unglaubliche Kraft, eine düstere Seite sowie eine etwas krankhafte Zärtlichkeit, die mich bewegt und an Tschaikowski und Grieg erinnert. Da ich neugierig bin und mich für selten gespielte Stücke begeistere, wollte ich zudem ein paar Raritäten zur Schau stellen. Zwar kann Sibelius’ Klavierstil unbeholfen wirken, doch seine Impromptus, vor allem das fünfte, sind absolut herrlich und passen perfekt zur etwas gespenstisch anmutenden Stimmung, die ich dem Ende meiner Geschichte verleihen wollte.

39 VANESSA WAGNER Das letzte Werk ist ein Schmuckstück voll Sanftheit und Nostalgie. Wie wurde Glinkas wenig bekannte Nocturne zum Ende der Geschichte? Ich habe sie erst spät auf der Suche nach dem Schluss meiner Erzählung gefunden. Ihr Titel La Séparation, zu Deutsch „die Trennung“, verweist auf den vorhin erwähnten Film, der eine Inspirationsquelle des Programms war. Er beschreibt die Einsamkeit, zu der die Suche nach erträumter und unerreichter Liebe führen kann, was auch an Tschaikowskis eigenes Leben sowie das Lieblingsthema der Romantik erinnert. Glinkas Stück erschien mir wie das Ende der Geschichte, die ich mir ausgedacht hatte. Es war ein sanfter, sinnlicher Schluss für die von Zärtlichkeit, Traurigkeit und Hoffnung gezeichnete Reise, die an die Jahreszeiten erinnert.

41 VANESSA WAGNER Vanessa Wagner Vanessa Wagner, laut Le Monde die „vortrefflich sonderbarste Pianistin ihrer Generation“, verfolgt eine Karriere ganz nach ihrem Geschmack – anspruchsvoll, originell und engagiert. So mischt sie klassische Konzerte und moderne Kreationen, erkundet historische Instrumente, spielt Kammermusik. In den vergangenen Jahren hat sie zahlreiche Projekte und kreative Gegenüberstellungen mit elektronischer Musik, Tanz, Videos und Poesie ins Leben gerufen. Seit Vanessa Wagners Sieg bei den Victoires de la Musique 1999 konzertiert sie überall auf der Welt als Solistin oder mit Orchester, auf großen Festivals und zu Gast in ihr ergebenen Konzerthäusern. Sie engagiert sich stark für die Musik ihrer Zeit. So wurden ihr mehrere Werke gewidmet, unter anderem von Pascal Dusapin, François Meïmoun, Amy Crankshaw und Alex Nante. Vanessa Wagners reichhaltige Diskografie wurde vielfach von der Presse ausgezeichnet, die ihr schlichtes und eloquentes Spiel, die Intensität ihrer Empfindsamkeit und den Reichtum ihres Anschlags lobt. Ihr großes, sich unaufhörlich wandelndes Repertoire ist der Spiegel einer stets aufgeweckten Persönlichkeit, die geduldig Bande zwischen allzu oft abgeschotteten Welten knüpft. Seit 2010 ist sie Leiterin des Festival de Chambord, wo sie für ein vielseitiges Programm sorgt, und wurde 2020 mit dem Verdienstorden Chevalier de la Légion d’Honneur ausgezeichnet.

チャイコフスキー グリーグ シベリウス グリンカ 永遠の四季

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 ヴァネッサ·ワーグナー(ピアノ) ピョートル·イリイチ·チャイコフスキー(1840-1893) 四季 作品37a 40'32 1月 炉端にて 5'07 2月 謝肉祭 2'53 3月 ひばりの歌 1'53 4月 松雪草 2'19 5月 白夜 3'38 6月 舟歌 5'42 7月 刈り入れの歌 1'22 8月 収穫 2'57 9月 狩り 2'43 10月 秋の歌 4'00 11月 トロイカ 2'40 12月 クリスマス 5'18 44

45 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 エドヴァルド·グリーグ(1843-1907) 抒情小曲集 21'42 第3集 作品43-1 - 蝶々(アレグロ·グラツィオーソ) 2'05 第3集 作品43-4 – 小鳥(アレグロ·レッジェーロ) 1'49 第4集 作品47-1 – 即興的ワルツ(アレグロ·コン·モート) 3'06 第4集 作品47-3 – メロディ(アレグレット) 4'35 第4集 作品47-7 – エレジー(ポコ·アンダンテ) 2'41 第8集 作品65-6 – トロルドハウゲンの婚礼の日 5'36 (テンポ·ディ·マルチャ·ウン·ポコ·ヴィヴァーチェ) 第9集 作品68-2 – おばあさんのメヌエット 1'50 (アレグレット·グラツィオーソ·エ·レッジェリッシモ) ジャン·シベリウス(1865-1957) 6つの即興曲 作品5(抜粋 10'32 即興曲第3番 – モデラート(アラ·マルチャ) 2'19 即興曲第5番 – ヴィヴァーチェ 3'41 即興曲第6番 – コモド 4'39 ミハイル·イヴァーノヴィチ·グリンカ(1804-1857) 夜想曲『別れ』ヘ短調 – コモド 4'19 TT: 77'19

ヴァネッサ·ワーグナーは、その好奇心、発 見への渇望、大胆不敵さによって、自らの 守備範囲を広げてきた。前例のない道を歩 む彼女は、意表を突く場所へと私たち聞き 手を連れていく。 新たな音楽の創造に傾倒するヴァネッサ は、ミニマル・ミュージックに情熱を注ぎ、 極限まで純化された音楽をこよなく愛して もいる。

47 ヴァネッサ・ワーグナー ヴァネッサは、多様な、しばしば“催眠性”のある音響世界に 身を浸してきた。その経験を経て、彼女は更なる自由を手に し、すすんで己をさらけだす“新たな自分”へと転じた。 そうして生まれたのが、本盤——おそらく、彼女にとって最も パーソナルなアルバム——である。彼女が本盤のために2年 もの年月をかけて練ったプログラムは、グリーグ、チャイコフ スキー、シベリウス、グリンカの小品が紡いでいく、想像力あ ふれる夢想的な“物語”だ。 ピアノに向かうヴァネッサは、闇と光の物語の作者となり、語 り手となる。

48 永遠の四季 アメリカ音楽に特化した録音を幾つか手がけた貴方が、今回ロマン派のレパートリーに立 ち返ったのは、どのような心境の変化によるものですか? ヴァネッサ・ワーグナー:いわゆるミニマルな音楽は、近年の私の人生において極めて重要 な位置を占めています。とはいえ私は、並行して古典派やロマン派のレパートリーを弾き続 けてきました。とりわけグリーグの作品とは、長きにわたり関係を結んでいます。《抒情小曲 集》には子どもの頃から親しんでいますし、今も《ピアノ協奏曲》を演奏するたびに大きな喜 びを感じます。いっぽう私は、ミニマル・ミュージックの探求を通して、それまで自分が足を踏 み入れたことがなかった領域へと扉を開くことができました。そこに広がるミステリアスで内 向的な世界は、インプロヴィゼーション(即興)に没入しているような感覚や、自分の心の内 を旅しているような感覚を抱かせてくれます。そこでは、時空の変化が[通常のそれとは]異 なるのです。その経験を経て、私の演奏は——私が思うに——“養分”を得て豊かになりま した。何かを表現するさいに、よりいっそう時間をかけるようになり、“遅さ”を恐れないよう になりました。現在の私が何よりも関心を寄せているのは、ある種の親密性が物を言う音 楽です。

49 ヴァネッサ・ワーグナー その親密性が、グリーグの音楽の中にも見出されるわけですね…… 今回のプログラムの構想を練り始めたのは3年前です。当時の私は、新型コロナ・ウィルス感 染拡大中のロックダウンゆえに、孤独な日々を過ごしていました。まず、グリーグの素晴らし い《抒情小曲集》から数曲を選んでプログラムの軸とし、それらを他の作曲家たちの小品と“ 対話”させようと考えました。当初は、何度も弾いたことのあるメンデルスゾーン、シューベル ト、シューマンの作品を検討したのですが、その後、チャイコフスキーの曲集[cycle]『四季』 が打ってつけだとひらめきました。『四季』に関心を寄せるきっかけとなったのは、ニコール・ ガルシア監督の映画『愛を綴る女Mal de pierres』[2016]でした。なかでも、ルイ・ガレル [が演じる将校アンドレ]が有名な〈6月 舟歌〉を弾くシーンは胸を打ちます。もちろん、映画 を観る前からこの曲を知っていましたが、私のレパートリーには入っていませんでした。〈6月 舟歌〉に心を揺り動かされた私は、映画を観た翌日に楽譜を注文しました。この曲には、私 の“物語る本能”を自由に羽ばたかせる、打ち明け話にも似た口調が見出されます。

50 永遠の四季 [“曲集”や“循環”を意味する]サイクル[cycle]の概念そのものが、貴方のアプローチに とって重要であったのでは? 過ぎゆく時間の知覚や、あらゆる周期的なものが、私の心に深く語りかけます。だからこそ私 は、反復的な音楽に興味を引かれるのでしょう。そもそも私はノスタルジックな性分で、人生 は思い出が幾層にも重なり豊かになればなるほど、より美しいのだと考えています。私は、環 (わ)をなすものや、絶えず再開するもの、そして——たとえば移ろいゆく季節のように—— 全く同じではないけれど全く違うわけでもないものの連なりを好んでいます。プログラミング に当たっては、各曲が互いに共鳴し合い、互いに彩りを添え合うような構成を、つねに志向 しています。そのようなわけで、私も自分の“サイクル”を創ってみようと考えたのです。今回、 聞き手に物語を語っているような感覚を初めて抱きました。文学好きの家庭で育ち、書かれ た言葉につねに敏感に反応してきた私は、ピアノを用いて自分の物語をこしらえるというア イデアを、すんなりと受けとめることができました。

51 ヴァネッサ・ワーグナー 今回の貴方の“物語”を形作っているのは、幾つもの自律した“短編”です。したがって弾き 手は、数分の内に一つのムードを確立し、その後すぐに次のムードへ移行しなければなり ません。そして同時に、これら一連の小品に、ある種の劇的な一貫性をもたらす必要もあり ます。 私は、そのように刻一刻と変化するムードをこよなく愛しています。それは、春の日々を—— 時が流れるにつれ、さまざまな光や色を見せる春の空を——想い起こさせますし、私自身の 性格にも通じます! 私は気分屋で、喜んだ途端に憂鬱になったり、呑気なことを言った後 に物思いに沈んだりしますから……。そのような“むら気”は、本盤に収めたコントラストに富 んだ曲集の中にも見出されます——弾き手は、それぞれの曲に固有なムードを瞬時に創り 出さなくてはなりません。ある意味では、それらは私の心の状態を鏡のように映し出します。 今回私は、はじめに、一枚のアルバムには収まらない数の曲をレコーディングしました。そこ から収録曲を厳選し、自分が辿ってみたい物語の流れにふさわしい曲順を練りました。本盤 で作曲家たちが描き出す種々の情景は、私には、どれも1冊の長い日記を構成するさまざま なページのように感じられます。

52 永遠の四季 つまり貴方は、このプログラムを通して、沢山の“貴方自身”をさらけ出しているので すね…… おそらくは……。じっさい私は、このアルバムを聞くと不思議な気分になります。私しか知ら ない、自分の秘められた部分を、公にしているような印象を抱くからです。しかも受け手は、 それを思い思いに自分たちに投影することができます……。私は年を重ねるにつれ、音楽が 親密なるものを表現すべき場所であることを、よりいっそう実感しています。特にミニマル・ミ ュージックを演奏し始めてから、聞き手の方々から沢山のフィードバックをいただくようにな りましたが、皆、ピアノを介して受けとめた親密でパーソナルなメッセージに心を動かされて いるようです。本盤のプログラムは、いわば「私の四季」です。なぜなら私には、1世紀前に一 人の人間が書いた『四季』の曲たちが、私自身の心の状態と共鳴しているように感じられる からです。本盤は私の成熟を体現しています。私は録音にのぞむ前に、このプログラムを自分 の心と指先で熟させるべく、長い時間を費やしました。

53 ヴァネッサ・ワーグナー 本盤において、チャイコフスキーとグリーグの小品はメンデルスゾーンの『無言歌集』の作 風を受け継いでいます。これらは、一見すると簡明で、単純な印象すら与えますが、実に深 みのある演奏を生みうる音楽でもあります。これらの作品に、どのようにアプローチしたの ですか? 実は今回、メンデルスゾーンの『無言歌集』の数曲も録音したのですが、ディスクの最大収録 時間の制約があり、最終的に収録は諦めました。とはいえ、完成した本盤がメンデルスゾー ンの“言葉なき詩”の精神を継承していることは明らかです。各曲の簡潔さゆえに、私たちピ アニストは、極端な感情の横溢や、過度な感傷や、甘ったるい表現を避けることができます。 たとえばグリーグの《ピアノ協奏曲》には、より抑制が難しい感情のほとばしりが見受けられ ます……。本盤の録音において私は、種々の情景や、北欧の光や、私たちに大いなる孤独を 抱かせる自然を心に描きました。しかも私の心には、私がノルウェー滞在中に訪れたグリー グの家の書斎と、周辺の長閑(のどか)な田園風景の記憶が刻まれています。概して私が追 求したのは、決して「劇的で派手な」表現や「民俗的な」表現ではなく、ノスタルジックな色調 です。とはいえ、〈トロルドハウゲンの婚礼の日〉のような曲や『四季』の数曲での喜びに満ち た音の横溢は、より大地に根ざした、写実的で生き生きとした雰囲気に私たちを立ち返らせ ます。

54 永遠の四季 グリーグやチャイコフスキーとは異なり、シベリウスが残したピアノ曲は僅かです。今回、 滅多に演奏されない《6つの即興曲》を選曲した理由をお聞かせください。 私は、シベリウスが管弦楽のために書いた傑作の数々をこよなく愛しています。おそらく彼の 《ヴァイオリン協奏曲》は、私が人生で最も頻繁に聞いてきた作品の一つです。彼の音楽に は途轍もない力強さがあり、非常に暗い面もあります。その幾分か病的な優しさは心を揺さ ぶりますし、チャイコフスキーやグリーグの音楽の類似の傾向と共鳴し合います。私自身、あ まり知られていないレパートリーへの好奇心が強いので、今回、幾つか珍しい曲にスポット ライトを向けたいと考えました。シベリウスのピアノ書法は、時にぎこちなく感じられることも ありますが、《6つの即興曲》の数曲——とりわけ第5曲——は紛れもなく名曲であり、私が 今回の“物語”の終盤に与えたいと望んだやや不気味な色合いを見事に帯びています。

55 ヴァネッサ・ワーグナー 最後の曲は、静かでノスタルジックな珠玉の小品です。ご自身の“物語”を、グリンカが手が けた知られざる《夜想曲》で締めくくろうとしたのはなぜですか? この曲が頭に浮かんだのは、後になってから……ちょうど“物語”に終止符を打とうとしてい たときでした。「別れ」という曲名は、先ほど述べた、本盤のプログラムの霊感の源の一つと なった映画を彷彿させます。この映画では、成就することのない幻の愛と孤独が描かれます が、それはチャイコフスキーの私生活を想起させると同時に、ロマン主義者たちが好んだテ ーマでもあります。だからこそグリンカの《夜想曲》は、私自身が思い描いた“物語”の結末に ふさわしく思えました。この曲が、優しさと悲しみと期待が入り混じる——移ろいゆく季節の ような——旅路を、静かに・官能的に閉じるのです。

57 ヴァネッサ・ワーグナー ヴァネッサ·ワーグナー フランスの日刊紙『ル·モンド』から“同世代中、最も魅力的な個性を誇るピアニスト”と称え られたヴァネッサ·ワーグナーは、ひたむきに自分らしさを貫きながら、独創的なキャリア を築いてきた。その活動は、クラシック·レパートリーによるリサイタルはもとより、現代作 品の初演、古楽器による演奏、室内楽など、実に多岐にわたる。 近年は、諸分野を横断する多くのプロジェクトにかかわり、電子音楽、ダンス、映像、詩との コラボレーションを展開している。 1999年、ヴィクトワール·ド·ラ·ミュジーク(フランス)の“年間最優秀新人器楽奏者賞”に輝 く。以来、リサイタル奏者および協奏曲のソリストとして、世界各地の主要な国際音楽祭やコ ンサート·ホールから招かれ、定期的に演奏を重ねている。 同時代の音楽の紹介に力を注ぐヴァネッサは、パスカル·デュサパン、フランソワ·メイムン、エ イミー·クランクショー、アレックス·ナンテをはじめとする現代作曲家たちから幾つも新作を 献呈されてきた。 これまでヴァネッサがリリースした広範な録音作品は、音楽専門誌から多くの賞を授けられ ており、そのシンプルながら雄弁な演奏、鋭く豊かな感性、表情に富んだタッチが称賛の的 となっている。 ヴァネッサは、あまりにしばしば分断されてきた複数の音世界を根気よく結びつけてみせる。 その慧眼は、彼女の絶えず更新されていく幅広いレパートリーに反映されている。 2010年から芸術監督を任されているシャンボール音楽祭では、ジャンルの枠を超えた多彩 なプログラムを提供している。2020年、フランス共和国芸術文化勲章“シュヴァリエ”を受 章。

59 Cité de la Musique et de la Danse de Soissons シテ ド·ラ·ミュジーク エ·ド·ラ·ダンス ド·ソワソン

60 Due à l’architecte Henri Gaudin et inaugurée en février 2015, la Cité de la Musique et de la Danse de Soissons est un établissement géré par GrandSoissons Agglomération, qui en a cofinancé la réalisation avec l’Europe, la Région et le Département. Réunissant le Conservatoire à rayonnement intercommunal et un grand auditorium de 513 places, la cité a pour objectif de conjuguer activités pédagogiques et diffusion musicale au plus haut niveau artistique. Elle offre notamment depuis son ouverture une saison d’une vingtaine de concerts mise en œuvre en collaboration avec le Conseil départemental de l’Aisne et la Ville de Soissons, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication et du Conseil régional des Hauts-de-France. The Cité de la Musique et de la Danse de Soissons, designed by the architect Henri Gaudin and inaugurated in February 2015, is an establishment administered by GrandSoissons Agglomération, which co-financed its construction with the European Union, the Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (now Hauts-de-France) and the Département de l’Ain. The Cité, which comprises the Conservatoire à Rayonnement Intercommunal and a large 513-seat auditorium, aims to combine pedagogical activities and the dissemination of music to the highest artistic standards. Among other activities, it has presented since it was opened an annual season of around twenty concerts organised in collaboration with the Conseil Départemental de l’Aisne and the Ville de Soissons, with the support of the Ministère de la Culture et de la Communication and the Conseil Régional des Hauts-de-France.

61 Die Cité de la Musique et de la Danse de Soissons, eine kulturelle Einrichtung, die vom Architekten Henri Gaudin entworfen und im Februar 2015 eröffnet wurde, wird vom GrandSoissons Agglomération unter Mitfinanzierung der EU, der Region und des Départements geleitet. Die Cité beherbergt ein Konservatorium sowie einen großen Konzertsaal mit 513 Plätzen und vereint pädagogische Aktivitäten und musikalische Veranstaltungen auf höchstem künstlerischem Niveau. Seit der Eröffnung bietet sie eine Saison mit etwa 20 Konzerten an, in Zusammenarbeit mit dem Départementrat Aisne und der Stadt Soissons und der Unterstützung des Ministeriums für Kultur und Kommunikation sowie dem Regionalrat Hautsde-France. 2015年2月に開館したシテ·ド·ラ·ミュジーク·エ·ド·ラ·ダンス·ド·ソワソン(ソワソン音楽舞 踊シティ)は、フランス北部の街ソワソンが、ヨーロッパならびに地域圏·県との共同出資によ り運営する文化施設。建築家アンリ·ゴダンが手がけた同施設は、コミューン立音楽院や大 ホール(513席)などを擁する。その主たる目的は、芸術教育活動と音楽普及活動を高度な レヴェルで結びつけることにあり、とりわけオープン以来、フランス共和国文化·通信省とオ= ド=フランス地域圏議会から支援を得ながら、エーヌ県議会およびソワソン市との協力のも と、年間約20のコンサートを実施している。

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