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6 BERG ∙ BRAHMS ∙ POULENC ∙ SCHUMANN Commençons par l’œuvre la plus récente et qui ouvre ce disque : la Sonate pour clarinette et piano de Poulenc. Michel Portal, vous l’avez enregistrée en 1971 avec Jacques Février. Par ailleurs, vous avez connu le compositeur et joué pour lui… Michel Portal : Je me rappelle que Poulenc était assez directif dans sa manière de conseiller les interprètes. Il cherchait avant tout une sonorité qui aille « vers le haut ». Dans cette musique, il faut avancer doucement, être sans cesse dans le mouvement, mais sans chercher à la « jazzifier ». J’ai beaucoup appris de Francis Poulenc. Jacques Février avec lequel j’ai enregistré cette pièce tenait à ce que le tempo soit rigoureusement tenu. C’est assez éloigné de la vision des créateurs de la Sonate, Benny Goodman et Leonard Bernstein. Michel Dalberto : Poulenc était un bon pianiste. Je dirais qu’il était admirablement « éduqué » dans la musique, sachant la fabriquer, mais ne franchissant jamais certaines limites. Posséder trop de facilités n’est pas un gage de génie. Qui plus est, Poulenc a connu le succès très jeune. Tout comme Saint-Saëns, et pour reprendre un mot du journaliste Alain Lompech, il fait partie de ces compositeurs dont l’art admirable s’est arrêté aux portes du génie. Sa musique est non seulement très bien écrite, mais aussi très directive pour les interprètes : peu de rubato, peu de flexibilité aussi. L’interprète s’en tient avant tout à un cadre précis, ce « cadre » caractéristique de la musique française et qui est dépassé par quelques noms comme Debussy et Ravel.

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