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Justement, comment préservez-vous votre énergie ?

Je travaille mon instrument quatre heures quotidiennement. Malgré

l’enseignement, les voyages, les concerts. Quoi qu’il arrive.

Concrètement, je ne sais pas ce que je serais sans Annabelle Weidenfeld qui

m’accompagne lors de tous mes concerts. Elle m’aide et me donne la force

d’avancer. L’environnement de travail est essentiel. Par exemple, sur ce disque, le

directeur artistique est un grand mélomane et il partage avec moi le même amour

pour Mozart. C’est précieux de savoir s’entourer. Sur un plan plus spirituel, tout le

monde est en quête du bonheur et de l’accomplissement personnel. Pour moi, cela

passe par le piano. J’ai besoin de faire de la musique et de continuer à interpréter

tous les répertoires. Cela nourrit mon âme et entretient la flamme, le désir.

Est-ce important pour vous d’approfondir le répertoire germanique ? Est-

ce une manière de revenir à vos racines ?

Tous les répertoires sont équivalents à mes yeux. J’aime autant Bach que Bartók.

Je suis né en Allemagne, j’ai été élevé en Israël, j’ai vécu toute ma vie aux Etats-Unis

et je voyage partout dans le monde. Si vous me demandez qui je suis, je vous

répondrai :uncitoyendumonde.QuandjesuisarrivéentantqueréfugiéenPalestine

en 1939, la musique m’a sauvé la vie. J’avais beaucoup de difficultés pour m’adapter

au changement. J’avais 16 ans. Je n’arrivais pas à manger. Psychologiquement,

je vivais très mal le déracinement. Tout était à reconstruire. On ne parlait plus la

même langue, je n’avais plus les mêmes amis. Je garde de ces années le souvenir

d’une période très dure. Heureusement, j’ai trouvé des professeurs merveilleux qui

m’ont aidé à me maintenir debout et donner un sens à ma vie : être un musicien.

MENAHEM PRESSLER 13