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8 CHOPIN_POLONIA

Mais chez Chopin, dont la bible était

Le Clavier bien tempéré

, le souci majeur de sa

maturité artistique fut la polyphonie. Non pas la polyphonie scholastique telle que

Schumann l’épuise, pour ne rien dire d’un Liszt déjà absorbé par le raffinement du

timbre ou la dissolution de l’harmonie - deux compositeur qui ne furent d’ailleurs

jamais indifférents à la grammaire de Chopin -mais la polyphonie-vitrail, ce paradis

de couleurs et de voix dont la complexité est le mot d’ordre.

Pourtant, la première

Polonaise de l’Opus 40

, qui deviendra l’emblème du genre, si

droite, si carrée, simétrique dans son énoncé, semble un simplemanifeste. L’éditeur

l’affublera de l’épithète « Militaire », en faisant un étendard. A tort. Car Chopin a

conçu entre 1838 et 1839 une paire : la sombre rumination, parfois morbide si on ne

la prend pas dans un tempo trop preste, de la

Polonaise en ut mineur

op. 40n°2, qui lui

répondsouslaformed’unenégation,changeladonne.Sesformulesclosessontaussi

obsessionnelle que celles, brillantes et affirmatives, de la P

olonaise en la

op. 40 n°1,

une défaite, un délitement : la part sombre de la psyché du compositeur s’y

livre à une danse sinistre dont l’harmonie plus d’une fois parvient à déconcerter,

chemin fuyant et qui ne se résout pas vraiment avec ces deux accords ultimes,

péremptoires : il faut bien finir.