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PASCAL AMOYEL
Votre regard sur la musique de Chopin a-t-il changé depuis votre
enregistrement des
Nocturnes
en 2014 ?
Il a évolué, mais au fond pas tant que cela. Pour les
Nocturnes
Chopin pense à une
sorte d’universalité, alors que pour les
Polonaises
on est dans l’ordre du singulier
qui cherche une transcendance. Une forme précise avec des cellules répétitives
obsessionnelles s’impose dans un premier temps mais finalement Chopin l’excède
comme dans la
Polonaise op. 44
, ladépasse, il vabienplus loinque dans ses
Polonaises
de jeunesse encore sous influence. La forme à la fin n’est plus du tout ni un cadre ni
une finalité, mais un moyen poétique, qui se coule dans la force du langage, cela
engage l’interprétation, mais aussi en quelque sorte la libère. J’espère que tout cela
va dans le sens de la simplicité. Au concert des moments de grâce se produisent
où l’on se trouve dans l’épure, dans quelque chose d’évident. Ces instants sont bien
plus délicats à reproduire au disque, où alors il faut des conditions particulières
comme lorsque j’ai enregistré les
Nocturnes
au Domaine de Chambord durant les
nuits. Le disque est une alchimie complexe…