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MOZART_QUATUOR TALICH

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P

eut-on en effet condamner Mozart qui se distrait lorsqu'il compose

ce que son père Léopold nomme de façon anecdotique un premier

« quatro » (sic) ? Âgé seulement de quatorze ans, Mozart se « désen-

nuie » toujours selon les termes de Léopold, bringuebalé sur les

routes qui le conduisent de Milan à Bologne. A-t-il déjà entendu un

quatuor de Giuseppe Sammartini (1695-1750) ?

De 1770 à 1773, treize piécettes - « quatri » - de style italianisant voient le jour.

Des presque rien que ces quatuors dits « milanais » ! Mais est-ce bien sûr ?

Car pour l’adolescent, jouer ainsi de modulations osées, expérimenter sans

risquer la réprimande un chromatisme audacieux, n’est pas donné à tout le

monde. Les premiers quatuors assurent l'écriture comme on règle les rouages

d’une mécanique. Composés à partir d’intervalles réguliers, en trois mouve-

ments, ils méritent de moins en moins notre oreille distraite.

Arrivé à Vienne en 1773, Mozart a probablement connaissance des opus 17 et

20 de Haydn. Il rencontrera bien plus tard celui qui, depuis deux décennies,

crée un genre nouveau, le « quatuor viennois ».

En regardant par-dessus l'épaule de son aîné – l’un a 17 ans et l’autre 40 - il

s’inspire de l’écriture d’un maître. Pour tout dire, il la copie comme un artisan

et, soyons juste, la reproduit avec difficulté. Dorénavant, les six quatuors dits

« viennois » (K. 168 à K.173) auront quatremouvements. Les partitions à l’allure

parfois déséquilibrée, mêlant quelques emprunts à des élans spontanés mais

inaboutis cherchent leur propre style. Trop italien dans l'âme, Mozart ne

comprend pas exactement la signification de certains paramètres comme ces

étranges menuettos de Haydn à l'allure ironique, ancêtres du scherzo. Puis