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ALDO CICCOLINI

06

Peut-on résister à l’attraction de la musique de Mozart?

J’en doute. On le joue à tous les âges de la vie, parce qu’il est un éternel enfant. Tout chez lui

suggère le jeu, le théâtre. Ses sonates sont aussi du théâtre.

Vous représentez-vous une histoirelorsque vous jouez?

Quelle que soit la partition, j’ai toujours besoin d’imaginer un scénario. Je ne sais pas jouer

sans cela.

Parlez-nous du choix des trois sonates…

On pourrait appeler celles en la et si bémol majeur (K.331, K.333), les «

sonates françaises

» car

elles ont été composées à Paris. On a dit que Mozart détestait l’atmosphère de la ville. Je ne

le crois pas. Il a été déçu, peut-être, mais il était trop latin dans son âme pour détester Paris.

Quant à la troisième sonate du programme (K.280), en fa majeur, elle fut achevée à Salzbourg.

J’ai l’impression queMozart l’a couchée sur le papier en un seul jet, en deux heures. En somme,

une sorte d’improvisation…

Une improvisation que vous imagineriez au clavecin ou au pianoforte?

Je pense davantage au pianoforte. Pour ces partitions, il m’apparaît comme l’instrument le

plus approprié de l’époque. Évidemment, si Mozart tout comme Bach, d’ailleurs, avait connu

le piano moderne, son choix aurait vite été fait. Il en va différemment de Scarlatti qui a joué

aussi du pianoforte, mais qui a délaissé l’instrument. Son écriture n’est pas appropriée à la

facture du piano, du moins pour certaines sonates. Contrairement au clavecin, la mécanique

du piano ne permet pas avec autant de facilité et de précision la répétition très rapide des notes.