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QUATUOR TALICH 5

Le

Quintette en

Sol

mineur opus 57

est écrit en cinq mouvements, mais cache une

forme tripartite très équilibrée : les deux premiers mouvements enchaînés font

office de prélude et de fugue. Suit un

scherzo

, puis deux mouvements à nouveau

enchaînés, en guise d’

intermezzo

et de

finale

. Cette rigueur formelle n’est sans doute

pas étrangère au sentiment de plénitude qui émane du

Quintette

, qui va évoluer

entre néo-classicisme assumé, dramatisme savamment construit et lyrisme

intense.

L’œuvre débute avec unemélodiemonumentale jouée aupiano. L’épisode central de

ce

Prélude

, plus léger, permet de revenir ensuite au climat initial avec une intensité

accrue. Suit une

Fugue

bâtie sur un thème d’inspiration populaire. Loin d’être un

banal exercice de style, cemouvement tente de répondre au rêve de Glinka, le « père

de la musique russe », qui souhaitait «

le mariage entre le chant populaire russe et le

contrepoint occidental

». L’intensité de ce poignant

Adagio

s’accroît à chaque nouvelle

intervention du piano. Rupture brutale du climat avec le

scherzo

, au ton sarcastique

et paradoxal, faisant entendre une mélodie volontiers triviale et appuyée au piano,

tandis que les cordes jouent un thème obstiné. Un épisode central hispanisant

conduit à une fière réexposition du thème obsessionnel, accentuant ainsi en cette

partie centrale du

Quintette

son écriture en miroir.

Alors que l’œuvre, à l’écriture économe et toujours très lisible, tournedéfinitivement

le dos aux expérimentations du jeune Chostakovitch, on retrouve dans ce

Scherzo

l’esprit iconoclaste des premiers ballets du compositeur. Retour à un climat plus

méditatif avec l’

Intermezzo

, où la basse « à la Haendel », selon la remarque un

peu perfide de Serge Prokofiev*, est portée par une mélodie infinie d’une grande

tristesse. Le

Finale

, classiquement, reprend le thème du

Prélude

en le mêlant à ceux

du

scherzo

, proposant ainsi une récapitulation en forme de réconciliation presque

joyeuse.