Background Image
Previous Page  21 / 76 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 21 / 76 Next Page
Page Background

Dans les dernières années de sa courte vie, Mozart va alterner des périodes

d’activité intense (

Don Giovanni, Cosi

, les dernières symphonies et le fascinant

Quintette pour clarinette et cordes

) et d’autres de stérilité déprimante. Et, puis

tout repart, en décembre 1790. Il n’a plus qu’un an à vivre mais il va alors créer

avec une fébrilité débordante, comme s’il avait conscience que le temps allait

lui manquer. En douze mois, il va écrire plusieurs petites pièces mais surtout

un dernier concerto pour piano, un autre pour clarinette, deux opéras (

La

Flûte

et

Titus

), le

Requiem

et… deux Quintettes à cordes, preuve que le genre

est devenu essentiel à son expression.

C’est d’ailleurs avec le

KV593

qu’il inaugure cette ultime série fin 1790, le

dernier,

KV614

, datant d’avril 1791. Les deux œuvres n’ont pas l’ampleur ni la

richesse du binôme KV515/516. Leurs dimensions plus réduites, leur abord plus

lumineux ne les empêchent pas d’être des partitions attachantes, nourries là

encore d’innovations structurelles ou thématiques. Dans les deux œuvres, on

a l’impression que Mozart cherche à produire un maximum d’effets avec un

minimum de moyens : les lignes s’épurent, le contrepoint est moins souple,

les dissonances peu nombreuses mais toujours surprenantes. Curieusement,

il semble reprendre certaines des techniques utilisées dans ses quatuors par

Joseph Haydn.

Beaucoup d’interprètes ont tendance à édulcorer ces

deux quintettes, à les rendre plus charmeurs alors que le

compositeur se sait au bord de l’abîme. Les Talich sont parmi

les rares formations à synthétiser cette variéité d’affects.

Leur témoignage reste essentiel pour l’approche d’un genre

que Mozart n’a illustré que six fois mais avec un génie

incomparable.

INTEGRALE DES QUINTETTES À CORDES 21