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14 RAVEL ∙ L'ŒUVRE POUR PIANO SEUL Sérénade grotesque, Menuets, Prélude, À la manière de … Quel intérêt portez- vous à ces petites pièces ? Ce sont des bijoux ! Même si la Sérénade grotesque et la Pavane pour une infante défunte sont nées d’influences, elles portent tout Ravel en elles. La Sérénade grotesque a du tempérament. Son humour, son second degré très sentimental en font une pièce savoureuse. Le minuscule Prélude est d’une poésie touchante, comme un souvenir lointain. Ravel nous démontre avec lui que la valeur d’une œuvre ne tient pas à ses dimensions. Le Menuet antique , au-delà de ses vigoureuses harmonies grinçantes, charme aussi par la grâce de son trio un rien sucré. La poésie du Menuet en Ut dièse mineur , et celle hors du temps du Menuet sur le nom de Haydn sont irrésistibles. Tout comme le chic des deux « À la manière de… », exercices de style d’une perfection absolue. Ces perles tardives, hommages à deux compositeurs vénérés, ont une superficialité délicieuse, une légèreté et une grâce désarmantes. Ravel pastiche ici avec le plus grand art et s’amuse. Il n’y a pas plus russe qu’ À la manière de… Borodine , et À la manière de… Chabrier , paraphrase sur un air du Faust de Gounod, est une œuvre à tiroirs : il pastiche Chabrier en l’imaginant lui-même pasticher Gounod !

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