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6 CHOPIN | SECRET GARDEN À l’âge de onze ans, je fis la connaissance de Dominique Merlet qui devint, par la suite, mon professeur au Conservatoire de Paris. Lors de notre première rencontre, je lui jouai la Sonate n°3 de Chopin. Il reprocha à mon professeur de m’avoir fait travailler cette œuvre trop difficile pour moi et physiquement dangereuse. Ce n’était pas faux. Malgré tout, j’ai vite compris que son exigence extrême, notamment sur l’art de mettre la pédale telle que Chopin l’indique, n’allait pas tarder à me décourager ! Je ne le remercierai jamais assez de ces fulgurances pédagogiques que je n’ai comprises que bien plus tard. Il y a dans ces quelques anecdotes matière à nourrir un « Jardin secret » composé de toutes ces pièces que j’ai toujours voulu enregistrer sans oser le faire… Quelques mois de confinement ont, de fait, accéléré la réalisation du projet. Cet album m’apparait, en vérité, comme le plus « audacieux » de ma discographie. J’ai pris tous les risques et avec quel plaisir ! Qui plus est, enregistrer dans l’acoustique de la grande salle de l’Arsenal à Metz offre des possibilités remarquables d’atmosphères, jusqu’à la restitution d’une forme d’intimité sonore qui correspond parfaitement à cette musique. Dans votre panthéon musical, quelle place accordez-vous à l’œuvre de Chopin ? Chopin est peut-être le plus grand compositeur de tous les temps, avec Wagner. L’un et l’autre ont « fomenté » deux révolutions musicales qui se sont nourries de leurs névroses respectives ! Le premier a écrit presque exclusivement pour le piano et le second essentiellement des opéras, chacun renouvelant totalement son domaine de prédilection.