LDV98-9

Faut-il voir dans cedisque, l’expressiond’un amour perdu, d’un amour « interdit »? Il y a probablement de cela. Cet univers musical fut maintes fois repoussé au disque et le passage à l’acte pourrait tenir de l’auto-psychanalyse… Lorsque j’étais enfant, j’entendais mon père, pianiste amateur éclairé, jouer quotidiennement la musique de Chopin. Je garde encore ses partitions colorées de forêts de doigtés… Je découvris cette musique au piano avec mon premier professeur, Lucienne Bloch qui avait étudié auprès de Michelangeli. Elle possédait une connaissance particulière du style de Chopin, l’art d’exprimer un chant inspiré par le bel canto, de révéler les « petites notes » sans oublier le rubato qui ne peut être formaté ou maniéré : ces fameuses feuilles de l’arbre qui frissonnent sous le vent sans que jamais le tronc ne bouge, selon le mot de Liszt. Durant ces années d’apprentissage, j’ai très vite entendu la remarque suivante, quand je jouais Chopin : « Ce n’est pas ça ! ». Cela m’a plutôt incité à refermer les partitions même si quelques-unes sont toujours demeurées à mon répertoire comme la Polonaise-Fantaisie dont le titre, à la manière d’un oxymore, suggère des contradictions qui me fascinent. 5 FRANÇOIS-FRÉDÉRIC GUY

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