LDV98-9
13 FRANÇOIS-FRÉDÉRIC GUY Pour revenir à la Sonate en Si mineur , c’est dans cette partition que Chopin démontre à quel point il maîtrise à la perfection la grande forme. Le mouvement lent apparaît, en un certain sens, comme le plus vaste nocturne qu’il ait jamais composé. Mon interprétation ne se revendique pas de telle ou telle tradition. Elle tente davantage une synthèse, entre la liberté que prenaient certains interprètes du passé et la sophistication voire la dimension rigoriste, presque, d’autres. Chez les uns, il peut manquer, parfois, une certaine flamme, chez d’autres, une certaine rigueur… Quant à la tradition polonaise… Chopin a, en quelque sorte, amené la Pologne en France où il a produit son œuvre majeur dans des salons parisiens ouverts sur toute l’Europe. Vous qui jouez si régulièrement le répertoire contemporain, comment appréciez- vous l’influence de Chopin sur les compositeurs de notre temps ? Pierre Boulez jouait des nocturnes et mazurkas de Chopin. Certaines de ses Notations lui auraient été inspirées par son écriture, le goût de l’aphorisme transparaissant chez les deux musiciens. Henri Dutilleux ne cachait pas son admiration pour le compositeur de la Barcarolle . Quant au dernier concerto pour piano de Tristan Murail, L’Œil du cyclone , que j’ai créé à Paris, il porte le sous-titre de « Fantaisie-Impromptu » ! Assumer un tel héritage de la part de l’un des grands compositeurs d’aujourd’hui, est révélateur et s’apparente à un extraordinaire hommage.
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