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6 CHAUSSON ∙ RAVEL ∙ ENESCU Est-ce qu’il n’incarne pas aussi une forme de grandeur morale ? Lorsqu’on visite sa maison à Sinaia, sa chambre est une vraie cellule de moine : 10 m2, un lit en fer, un bureau et une fenêtre… Il a parfois vécu comme une sorte d’ascète de la musique. Mais dans son salon, on trouve une multitude d’objets issus de toutes les cultures du monde. Rien de ce qui est humain, de ce qui est culturel, ne lui semble étranger. Enescu était extrêmement ouvert sur les autres et sur le monde. Il n’a jamais fait de concession dans sa relation à la musique et aux musiciens. Il a énormément donné, en tant que pédagogue (citons tout de même outre Menuhin, Ivry Gitlis, Christian Ferras et Arthur Grumiaux au sein de ses nombreux disciples), compositeur, violoniste ou chef d’orchestre. Plusieurs générations de musiciens du monde entier ont été marquées par son aura et son intensité. Enescu a vécu toute sa vie entre la France et la Roumanie. La musique française a-t-elle joué un rôle dans sa formation de compositeur ? Elle a joué un rôle essentiel. Il a poursuivi ses études au Conservatoire de Paris à la fin du XIX e siècle, alors qu’il avait à peine quinze ans. Il était dans la même classe de contrepoint que Maurice Ravel — qui disait de lui : « Le plus calé de tous, c’était Enescu » —, et le camarade de classe de Jacques Thibaud chez Martin-Pierre Marsick pour le violon. Élève de Jules Massenet et surtout de Gabriel Fauré, qui restera son maître, il maîtrisait parfaitement le langage de son temps (son Octuor à cordes composé en 1900 en témoigne).
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