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DAVID GRIMAL ∙ LES DISSONANCES 5 Sa figure a-t-elle encore aujourd’hui en Roumanie une aura symbolique importante, y compris en dehors du monde musical ? Indéniablement. Enescu a surgi tel un météore à l’époque à laquelle la Roumanie créait ses institutions musicales : les premiers orchestres et opéras ont été fondés dans la deuxième moitié du XIX e siècle. La musique était un des ciments les plus forts du sentiment national naissant. La Roumanie est un des rares pays au monde dont le héros national est un musicien de musique savante ! Comment peut-on expliquer ce phénomène ? Les Roumains sont très fiers de leur patrimoine et de leur histoire. La musique d’Enescu incarne l’âme de son peuple et de son pays. Il est également associé à l’âge d’or de la Grande Roumanie du début du XX e siècle dont il était une figure incontournable. Sa carrière internationale à la fois en tant que créateur et interprète lui a donné une aura qu’aucun autre musicien roumain n’a jamais eue. Dinu Lipatti comme Yehudi Menuhin qui furent ses disciples ont témoigné de l’incroyable exigence de leur maître : il était selon eux la musique même. Les enregistrements qui subsistent nous rappellent la beauté et la richesse de son expression.

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