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10 CHAUSSON ∙ RAVEL ∙ ENESCU Sur ce disque, le Caprice roumain est accompagné par le Poème de Chausson et Tzigane de Ravel. Qu’est-ce qui a motivé ces choix ? Le choix du Poème de Chausson était une évidence. Enescu n’a cessé de le jouer. D’après tous les témoignages, il en était un interprète extraordinaire. J’aime profondément cette partition qui est une déclaration d’amour au violon. Il y a dans cette musique profonde et pleine de couleurs, comme dans toute celle de Chausson, une vraie singularité, une vraie sincérité. C’est sans doute ce qu’Enescu aimait dans ce Poème . Enescu a également beaucoup joué Tzigane de Ravel. La sensualité du Poème d’un côté, l’intellectualité et la distanciation plus marquée de Tzigane de l’autre, reflètent également les deux facettes d’Enescu. Par son titre, Tzigane se réfère directement à une forme de musique traditionnelle qui n’est pas étrangère à la Roumanie, où la communauté rom est importante. Cette musique est-elle effectivement présente dans l’œuvre de Ravel ? Ravel avoue lui-même que son propos n’est pas vraiment la musique tzigane. Il écrit une pièce de virtuosité dans l’esprit de cette musique, mais qui reste éloignée de la vraie musique tzigane. C’est du pur Ravel, et à ce titre une musique géniale. Enescu cherche à restituer la musique traditionnelle de manière authentique, Ravel fait avant tout du Ravel, en utilisant ce qu’il perçoit, avec son esprit et sa sensibilité, comme étant les modes de jeu de cette musique. C’est une interprétation, une évocation de la musique tzigane.

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