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9 JEAN-PHILIPPE COLLARD J’imagine qu’à la suite de ce premier album, on vous a souvent demandé de jouer Fauré. Davantage à l’étranger qu’en France. Comme j’ai eu la crainte qu’on me mette une étiquette, mon deuxième disque fut consacré aux Études-Tableaux de Rachmaninov, l’antithèse des Barcarolles – une idée venant cette fois-ci totalement de moi. Cela a créé la surprise. C’est grâce à cela que j’ai rencontré quelques années plus tard Vladimir Horowitz, intrigué que je puisse jouer à la fois l’un et l’autre. Comment s’est déroulée cette rencontre ? Après deux heures de conversation sur le canapé, je l’entends encore me dire : « mon piano vient d’être réglé, c’est une catastrophe, cela ne vous ennuie pas de l’essayer ? » Et d’ajouter, de son accent inimitable : « jouez quelque chose qui me surprenne ». Sans trop réfléchir, j’ai choisi la Barcarolle n o 6. Nous avons ensuite beaucoup parlé de Fauré, qui lui posait des difficultés – il ne se sortait pas de toutes ces modulations. Je l’ai simplement invité à se servir davantage de sa mémoire digitale que de sa mémoire intellectuelle.

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