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12 FAURÉ | 13 BARCAROLLES ∙ BALLADE OP.19 Pensez-vous que la Ballade pour piano seul soit une œuvre quelque peu insaisissable ? Elle va sur des chemins de fantaisie, tout en s’imposant comme un défi pianistique. En la déchiffrant, Liszt aurait dit qu’il n’avait « pas assez de doigts ». C’est une vérité : dès la troisième page, la maîtrise de ses croisements subtils relève du tour de force. Une difficulté supplémentaire, pour la mémoire, étant de passer de la version orchestrale à celle pour piano seul. Comment expliquez-vous le contraste frappant entre le monde sonore de votre première version des Barcarolles et celle-ci ? La question de la matière sonore m’a beaucoup intéressé. J’essaye toujours de me mettre à la place des personnes qui n’ont pas entendu cette musique auparavant. Je dois non seulement veiller à la bonne compréhension de l’ensemble, à ce que les thèmes, les contrechants se déploient idéalement, mais aussi à ce que la masse sonore soit acceptable. Ne suis-je pas en train de tromper les auditeurs avec trop de son, ou au contraire de les ennuyer parce qu’il n’y en a pas assez ? Il y quarante ou cinquante ans, ces aspects ne m’intéressaient pas beaucoup.

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