LDV88-9
11 DAVID GRIMAL Y a-t-il dans ces Sonates et Partitas des pièces que vous préférez ? Certaines sont plus « confortables » que d’autres, qui semblent davantage des abstractions intellectuelles. Cette abstraction est parfois complètement folle ! Ce n’est pas le cas des Suites pour violoncelle qui sont beaucoup plus accessibles, à la fois pour les jouer, à la fois pour les écouter. A l’issue d’un concert, je ne joue pas de grandes fugues en bis, alors que j’adore les jouer chez moi. Je pense que le public attend plutôt une sarabande ou un mouvement lent qui ont, soit un côté plus éclatant et immédiat, soit une tendresse, une intimité qui permettent d’établir un contact. Là encore, la Chaconne est un cas à part, car malgré ses dimensions, elle reste accessible et emporte les gens par sa beauté et son humanité. À la croisée des chemins entre le sacré et le profane, entre l’éternel et le quotidien… Chez Bach, l’artisanat, c’est le sacré. La vie quotidienne, le fait d’aller au puits prendre de l’eau, récolter des légumes et aller se coucher le soir, tout cela est spirituel. J’ai déjà ressenti en Inde ce lien entre le spirituel et le séculaire. À notre époque où le religieux s’exprime souvent dans un refus rétrograde et parfois violent du monde, Bach nous explique encore l’univers, mais il célèbre aussi ce qu’on ne comprend pas. Cet homme a fait corps avec le monde, avec le temps.
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