LDV88-9
8 BACH | SONATES & PARTITAS BWV 1001-1006 Quel a été le point de départ de ce troisième enregistrement ? La période du confinement a été un moment de repli sur soi. J’ai profité de ma famille, de mes enfants, mais j’avais besoin de me recentrer, de rester entier dans mon esprit, pendant cette période anxiogène pour les artistes. J’ai donc repris mon « bréviaire » qui est également un mode d’emploi de l’instrument. Certes avec les techniques de l’époque, sans trop monter dans les positions, sans vibrato systématique, sans glissade, mais ce sont les abscisses et les ordonnées de la musique. C’était donc un refuge dans cette autre forme de crise. Quelles sont les particularités techniques de ce nouvel enregistrement ? Je l’ai réalisée sur cordes en boyau pur, qui sont plus fragiles, moins stables, mais qui offrent un gain en termes d’émission, de résonnance, de grain du son, et avec un archet baroque qui correspond à l’époque d’écriture de ces pièces, un archet plus léger qui permet d’autres articulations, un autre jeu sur les accords, mais aussi une légèreté, une diction, une variété qui sont intéressantes. Cela dit, je reste encore un peu au milieu du chemin, car je joue certes sur mon Stradivarius de 1710, mais il n’est pas barré comme un violon baroque, ce qui m’empêche de jouer à un diapason de l’époque. Je joue donc à 440 Hz. Je gagne en expressivité et en « vérité historique », mais je perds l’efficacité de la modernité ! Comme avec mon ensemble Les Dissonances, j’essaie de réunir le meilleur des deux, ce qui n’est pas toujours facile. Ivry Gitlis, Jascha Heifetz ou même Nathan Milstein jouaient un Bach post-romantique magnifique, qui ne correspond pas du tout à la voie dans laquelle je m’engage, mais j’essaie de faire se rejoindre cette tradition dont je suis issu, avec les apports récents des musiciens « historiquement informés ».
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