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8 BEETHOVEN/LISZT, SYMPHONIE N°9 Quelle est la part de fidélité au texte orchestral dans cette transcription ? Cédric Pescia : Dans ce grand corpus qu’est la transcription des neuf symphonies de Beethoven, Liszt a été d’une fidélité, d’un respect, d’une intelligence et d’une sensibilité absolument phénoménaux. Le respect des timbres de l’orchestre, la fidélité à l’esprit et à la lettre sont exemplaires. Le nombre de mesures est respecté, il n’y a aucun ajout par rapport à l’œuvre originale. Même dans les trémolos – qui sont pourtant une de ses marques de fabrique et peuvent être parfois tapageurs –, Liszt semontre d’une immense sobriété. Cela estmême devenuun sujet de réflexion pour Philippe et moi : avait-il conscience qu’il y avait dans l’idée de trémolo quelque chose de potentiellement démonstratif et redondant ? Au départ, nous nous sommes demandé s’il n’était pas dans notre intérêt de prolonger par des trémolos certaines tenues, lorsque le son nous semblait disparaître trop vite (ces tenues étant jouées par des instruments à cordes ou à vent dans la partition originale). Au fil de notre travail, nous y avons renoncé. L’envie de se donner une plus grande latitude en modifiant quelques détails (par exemple rajouter une octave grave qui nous semble justifiée, où une voix qui aurait été omise par le transcripteur) est souvent présente quand on joue des transcriptions. Dans le cas de celle-ci, qui a été réalisée avec un tel respect, notre but a été de rester le plus fidèle possible à Liszt, de prendre sa transcription très au sérieux et de ne pas y adjoindre nos propres idées. Et s’il n’y a pas d’invention de la main de Liszt dans cette partition, il y a néanmoins dans la répartition entre les pianos, dans la manière de faire passer un motif d’un piano à l’autre, une intelligence qui est propre au génie transcripteur de Liszt.
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