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CÉDRIC PESCIA,PHILIPPE CASSARD, pianos 11 Avez-vous choisi vos tempi dans un souci de fidélité à une agogique et inertie orchestrale ? Cédric Pescia : En écoutant des versions comme celles de Gardiner ou d’Harnoncourt qui sont globalement plus rapides que la moyenne, on constate déjà les disparités de tempo assez extrêmes qui peuvent exister entre plusieurs versions orchestrales. Quant à la question de l’inertie, elle me semble très liée au type d’instrument et à la taille des effectifs. Certains chefs comme Harnoncourt ont pu questionner le postulat même d’une « inertie orchestrale » en allégeant considérablement le son et les effectifs. Et s’il y a toute une tradition de doubler les vents et de jouer ces symphonies avec de gros effectifs parfois presque mahlériens, on peut s’interroger sur le type d’effectif qui avait cours à l’époque où Liszt a écrit sa transcription. Evidemment, il y a aussi des choix de tempo qui sont effectués en fonction de la nature même du piano, dont le son ne peut être soutenu de la même manière que celui des instruments de l‘orchestre ou des voix. En ce qui concerne le deuxième mouvement, nous avons choisi un tempo aux limites de ce qui est encore réalisable avec le double échappement du piano (et la souplesse du poignet dans la répétition des notes). Cela dit, je pense que si j’étais chef d’orchestre, je m’orienterais vers des tempi qui sont ceux que nous avons choisis dans la version pianistique. Mais comme pour tout choix d’interprétation, rien n’est jamais gravé dans le marbre, il est très probable qu’en concert les choses bougent encore...

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