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6 CHOSTAKOVITCH • WEINBERG Pourquoi avoir choisi d’enregistrer les deux trios de Chostakovitch ? Justine — Le Trio n°2 de Chostakovitch est l’une des premières œuvres que nous avons travaillées sérieusement tous les trois, j’avais alors treize ans, Joseph quinze et Victor dix-sept. Pourquoi Chostakovitch ? Sans doute parce que notre père adore ce compositeur et nous a très tôt biberonnés à sa musique. Par la suite, c’est une œuvre que nous avons maintes fois reprise, rejouée, retravaillée, jusqu’à ce qu’elle devienne l’un des piliers de notre répertoire de trio. Nous avons pu bénéficier des conseils d’un grand nombre de professeurs, et nous lier d’amitié avec certains d’entre eux par la suite. Parmi ces mentors, citons les membres du Quatuor Danel, le violoncelliste Christoph Richter ou encore Emmanuel Utwiller, directeur de l’Association internationale Dimitri Chostakovitch. Ce dernier nous a même permis de rencontrer Irina Chostakovitch, la dernière épouse du compositeur. Comment travailler spécifiquement pour le disque une œuvre comme son Deuxième Trio ? Joseph — La perception du temps a été l’un des aspects importants de notre travail. Avec Justine, nous avons accompli un travail d’archet entièrement tourné vers une temporalité très lourde. Comme si nous devions lutter intérieurement pour avancer. Il est même arrivé qu’au cours d’une partielle cordes, je me mette à raconter une histoire inventée de toutes pièces pour mieux caractériser l’ambiance recherchée. J’avais en tête l’image d’un condamné à mort qui attend l’arrivée de son bourreau, dans la cour d’une prison enneigée. Cette parabole nous a aidés à nous plonger dans une temporalité très particulière, qui nous a semblé adaptée aux premières mesures de l’œuvre.

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