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10 CHOSTAKOVITCH • WEINBERG Sur quels plans trouve-t-on les parentés et les différences les plus frappantes ? Joseph — Chostakovitch est plus ancré dans le réel, plus concret dans ses trios quand Weinberg est plus pictural. Le Trio de Weinberg est construit comme une fresque musicale. Quand on le joue, on croirait voir une série de tableaux défiler tant les ambiances sont évocatrices. Weinberg semble pousser un cran plus loin le tropisme rythmique, c’est encore plus extrême sur ce plan-là. Victor — Et pourtant, l’écriture est assez proche : le Trio de Weinberg et le Deuxième Trio de Chostakovitch ont quatre mouvements, les deux scherzos sont quasiment deux toccatas. On retrouve quelques accords d’inspiration clairement chostakovitchienne dans le grand mouvement lent intitulé “Poem” de Weinberg. Enfin, les mouvements finaux sont tous les deux très longs et d’une violence extrême. Peut-être plus encore d’ailleurs dans le Trio de Weinberg, où règne un chaos total pendant une douzaine de minutes. Comment appréhender une œuvre aussi méconnue et peu enregistrée que le Trio de Weinberg ? Le Trio de Weinberg a été très peu enregistré. Avec Chostakovitch, on ne compte plus les enregistrements légendaires – sans oublier les deux versions qui existent avec le compositeur au piano. Bien que les propositions existantes puissent être très différentes entre elles (notamment dans les tempi), il est nettement plus facile de trouver sa propre voie dans un chemin déjà balisé. Avec Weinberg, c’est plus intimidant, car il faut bâtir sa propre version sur un terrain quasiment vierge.
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