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12 BEETHOVEN_TRIOS « LES ESPRITS » & « À L’ARCHIDUC » Vous jouez ensemble depuis de nombreuses années… Peut-on parler d’un « trio constitué » pour vous ? David Grimal : Je dirais que ce qui nous différencie d’un trio de solistes, c’est la fidélité, tandis que ce qui nous distingue d’un trio constitué, c’est la liberté. Je n’ai pas du tout le sentiment de raboter quoi que ce soit de ma personnalité musicale quand je joue avec Anne et Philippe. J’y vois plutôt une forme de complémentarité : on est tous très différents dans ce qu’on fait et chacun a une personnalité très forte, mais quand on est ensemble, on arrive à faire converger cette différence vers un élan commun. Philippe Cassard : Le travail très acharné et exigeant que nous menons depuis deux ans sur ces trios de Beethoven a été une expérience très structurante, amenant quelque chose d’assez idiomatique, mais jamais routinier. Nous nous sentons à présent à la fois plus libres et plus enclins à nous écouter les uns les autres, à réagir en direct pendant le concert, en unmot plus « liés ». Il y a des choses que j’ai désormais du mal à entendre autrement que quand ce sont Anne et David qui les jouent. Il y a une manière de respirer, de penser les tempos, qui s’est peu à peu harmonisée entre nous. On ne se concerte plus que sur des détails très ténus.