LDV76
PHILIPPE CASSARD, ANNE GASTINEL, DAVID GRIMAL 11 On en a oublié une autre époque et une autre approche, qui était peut-être plus celle duQuatuorAmadeus, de Furtwängler, et qu’on a souvent taxée à tort de post- wagnérienne : celle d’un discours beaucoup plus libéré, et d’une musique avec un geste. Le problème avec cette verticalité qui correspond beaucoup à l’arrivée du monde binaire, à l’ère de l’industrialisation de la musique et de la standardisation du propos, c’est qu’on ne se pose plus la question du geste. On considère qu’à partir du moment où c’est parfaitement en place, on a fait le travail. Pourtant, dès qu’on enlève les barres de mesure et qu’on commence à voir les carrures, les gestes, et à s’autoriser à sentir les choses en sortant de ce personnage de pierre, grave et en colère, symbolisé par tout un monde de la musique classique qui y ressemble, tout d’un coup apparaissent l’humour, le charme, la tendresse ! Beethoven, c’était un homme. Et à partir du moment où on le prend à côté de soi, au lieu de le regarder comme on regarde un buste qui nous écrase, les échanges sonores changent complètement, et l’on se reconnecte avec un sentiment d’intimité tout à fait libérateur. C’est comme cela qu’on a essayé de travailler et sur ce point que nous nous sommes retrouvés avec Anne et avec Philippe.
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