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8 WALTON • GRISI • PROKOFIEV Entretenez-vous une relation particulière aux compositeurs d’aujourd’hui ? Nous musiciens-interprètes ne sommes rien sans eux. On ne peut qu’être particulièrement sensible aux compositeurs de notre temps lorsque l’on est altiste. Depuis le début du XX e siècle, l’alto n’a plus à pâlir devant le violon ou le violoncelle : il possède son répertoire ouvert sur un champ de possibles. Dans le cas de la pièce de Gwenaël Mario Grisi, j’ai aussi le sentiment extrêmement fort d’avoir vécu et partagé une collaboration puissante, riche et constructive. On vous sent très actif dans le répertoire et dans la défense de votre instrument… C’est vrai que j’y tiens ! Ce disque en est aussi une forme de témoignage. Depuis que j’enseigne et donne des masterclasses, je constate par exemple que le répertoire de mon album English Delight est joué, alors qu’il était auparavant méconnu. Les jeunes altistes me parlent désormais de la Sonate de Clarke, des pièces de Bridge ou de VaughanWilliams, et ont très envie de les jouer. Le public m’a incité à graver la Sonate de Rebecca Clarke. Aujourd’hui, ce sont de jeunes instrumentistes qui prennent la relève en la perpétuant et en la jouant… C’est un peu plus intéressant que de « simplement » proposer un programme de chefs-d’œuvre (les Märchenbilder de Schumann, l’ Arpeggione de Schubert ou les pièces de Brahms) dont il existe une quantité de versions de référence. Je graverai ces pièces extraordinaires, je m’y sens prêt aujourd’hui, mais je suis heureux d’avoir accompli ce travail de transmission avec mes deux premiers disques.
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