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14 PROKOFIEV_VISIONS FUGITIVES Dans un geste analogue, les Quatre Études, op.2 s’inscrivent dans l’esthétique la plus motorique du compositeur. « Ce Prokofiev de style toccata évoque pour moi le sarcasme et la colère froide. » Rien n’étant plus impressionnant qu’une animosité réfléchie, elles sont la traduction d’une certaine idée de la terreur. Miaskovski y voyait « une œuvre tranchant sur la mièvrerie, l’anémie et la faiblesse contemporaine » et Guy Sacre évoque « le réveil des marteaux du piano ». Mais malgré les efforts considérables du compositeur pour se tenir éloigné de tout ce qui le rattacherait à la tradition, il ne s’en éloigne pourtant pas tellement, restant viscéralement attaché à ses éléments constitutifs : la clarté des rythmes et un sens mélodique qui affleure en permanence. Un proverbe anglais dit qu’un léopard ne se dépare pas de ses taches. Ainsi en va-t-il des artefacts de la musique russe.

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