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FLORIAN NOACK 11 « On a beau s’en défendre, enregistrer un disque, c’est incontestablement entamer une réflexion sur soi-même. » Ainsi Florian Noack oppose-t-il l’adolescent qu’il était au grand adulte qu’il est devenu. Prokofiev faisant usage de Jiminy Cricket. Certaines pièces du disque le renvoient aux sursauts brutaux de sa défunte juvénilité, celles – surtout – qui tambourinent, celles qui fracassent le piano. Elles agissaient comme un exutoire, elles transcendaient l’agressivité inhérente à cet état bien ingrat de la maturation. « Enenregistrant la SixièmeSonate ,jeme suis renducompte avec beaucoup d’étonnement que je m’étais radicalement éloigné de cette énergie-là. » Ainsi s’efforce-t-il de travailler la partition en se gardant bien de l’abreuver de détails personnels, en maintenant le plus loin possible les éléments biographiques qui pourraient s’en emparer et lui donner sens. Proscrire l’imaginaire propre pour se concentrer sur la cartographie stricte de l’œuvre. S’en tenir aux plans. Tenter de traduire par les notes et par la seule harmonie ce qu’elles entendent exprimer. Comme une déclamation restituée, ravie aux intentions romantiques de son ancien soi.
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