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10 PROKOFIEV_VISIONS FUGITIVES En arrivant à Cologne dans la classe de Vasily Lobanov, on le catalogue pourtant comme une petite chose sage et bien peignée. C’est que Lobanov a fréquenté toute l’arrière-garde de la musique soviétique et qu’il en faut plus pour l’impressionner. Il est vrai que Florian Noack est le benjamin de sa classe et que ses petits camarades lui prêtent peu de folie furieuse. N’est-il pas cet enfant blond et si poli qui joue Chopin sans le moindre rubato ? Voilà pourquoi il s’attache probablement à ce qui ne lui ressemble pas. À des partitions opulentes, larges, généreuses ; à la musique de Sergeï Liapounov, qui deviendra sa bonne étoile, pour n’en citer qu’une. C’est son épouse Nare qui l’encourage à reprendre contact avec Prokofiev. Elle lui met sous le nez la partition du premier concerto pour violon, riche de sa féérie et très éloignée des rouages implacables qu’il lui croyait familiers. « J’ai enfin découvert d’autres facettes du compositeur, une tendresse, un sens de la nostalgie qu’il semble avoir hérité d’Anatoli Liadov et de Nikolaï Rimski-Korsakov. » Chemin faisant, il prend physiquement possession des Visions fugitives , dont il s’imbibe de pied en cap et qui seront la motivation première du présent phonogramme.
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