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11 JEAN-PHILIPPE COLLARD Comme Iberia d’Albéniz, quasiment à la même époque, vers 1910, et au- delà de tout folklore hispanisant, les Goyescas surgissent soudainement dans l’œuvre de Granados, d’une hauteur sans égale avec les pages plutôt salonnardes ou modestes écrites jusque-là. Comment considérez-vous ce double mystère – même si les deux cycles sont de nature très différente – dans l’histoire du piano, a fortiori provenant du même pays ? L’admiration que Granados portait à Albéniz, et plus particulièrement à son cycle d ’Iberia était sans limite. D’ailleurs, il encourageait ses élèves à entreprendre le travail de cette immense fresque. Dès lors, on peut facilement imaginer qu’il ait été porté par le désir de composer, lui aussi, une œuvre d’une telle démesure. Si l’on y ajoute que sa carrière de pianiste, à cette époque, était prolifique, on perçoit bien pourquoi le compositeur allait demander au pianiste de dépasser ses limites et par là-même de conquérir ses auditeurs.

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