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GEOFFROY COUTEAU & QUATUOR HERMÈS 13 L’opus 76 date de l’année 1878, celle de la composition du Concerto pour Violon , partition d’une magnifique ampleur. Quel contraste avec le piano de Brahms qui ne semble destiné qu’à l’usage seul du musicien. « Certaines pièces comme la dernière, le Capriccio en Ut majeur , sont virtuoses et manient un style improvisé. Le Capriccio en Si mineur et l’ Intermezzo en La bémol majeur de caractère hongrois sont pleins de sève folklorique qu’on pourrait rapprocher de Liszt. Leur caractère populaire ressort avec lyrisme. Toutefois, je perçois une parenté dans ces Klavierstücke , avec Schubert sorte de frère d’âme de Brahms. L’expression de la souffrance mise à nu et de lamélancolie, rapprochent les deux compositeurs ! Dans la cinquième pièce, le Capriccio en Ut dièse mineur , je ferais un rapprochement avec la Septième Variation du Second Cahier des Variations sur un thème de Paganini du compositeur. La complexité de cette page, véritable étude de rythmes (une main est binaire alors que l’autre est ternaire), accentue, tout comme dans le Capriccio , le caractère “fantastique” de la musique. Il me vient aussi à l’esprit, deux autres exemples tant la musique de Brahms paraît prémonitoire. Peut- être que Ligeti avait vu dans ce geste musicale un chapitre à creuser. En effet, certaines études pour piano que le Hongrois György Ligeti composa un siècle plus tard superposent des rythmes et des harmonies indépendants les uns des autres. Enfin, j’évoquerais l’écriture de Gustav Mahler. À la suite de son aîné Johannes Brahms, Viennois d’adoption comme lui, Mahler superpose, à l’orchestre, plusieurs lignes mélodiques et rythmiques, elles aussi indépendantes. Il développe les concepts de polyphonie au sens littéral du terme et de polyrythmie. On peut comprendre qu’à l’écoute de ces œuvres de Brahms, et tout particulièrement l’opus 76, nous soyons arrivé à la fin du romantisme. La page se tourne. »
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