LDV49.1
35 LOUIS THIRY Comme pour toute autre musique, la question de la fidélité au texte se pose pour l’œuvre de Messiaen. En ce qui concerne sa musique d’orgue, il est cependant un point particulier qui nous interroge : il en a lui-même enregistré la plus grande partie. Il s’agit là d’un document irremplaçable, musicalement très attachant, mais qui ne simplifie pas la tâche de ses interprètes ultérieurs. La notation musicale de Messiaen est très précise et parfois à la limite des possibilités de réalisation. Faut-il donc viser une parfaite exactitude, au risque de la raideur qu’implique une telle contrainte ? Le terme de « valeurs irrationnelles » employé parMessiaen peut probablement nous éclairer : ce terme, qui désigne les divisions du temps par cinq et par sept (ou éventuellement par d’autres nombres premiers), semble distinguer ces valeurs de celles résultant de la division du temps par deux et par trois, censées être, elles, rationnelles. Personnellement, j’ai tendance à penser que cette distinction est arbitraire et que l’interprétation musicale s’accorde mal avec le temps rigoureusement mesuré des horloges et des métronomes : en musique, la division du temps par deux n’est ni plus ni moins rationnelle que la division par cinq.
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