LDV49.1

34 MESSIAEN_L'ŒUVRE D'ORGUE On pourrait multiplier les exemples. Je voudrais seulement ajouter qu’Olivier Messiaen lui-même, tout en déplorant de ne pas trouver ailleurs les registres de l’orgue de la Trinité, n’en était pas moins ouvert à des solutions différentes dans la mesure où il y retrouvait son « rêve d’orgue ». Dans le rapport qu’entretient la musique de Messiaen avec l’orgue, il est une question qui mérite notre attention : celle de l’acoustique. On le sait, la qualité d’un orgue réside en grande partie dans son accord avec le lieu qu’il anime. Or une musique généreuse comme celle de Messiaen a besoin d’une acoustique riche, d’un espace où elle puisse se développer, où les sons graves prennent toute leur ampleur, où le proche et le lointain se répondent, où les tempos lents s’épanouissent dans une large respiration. Messiaen d’ailleurs connaissait très bien ces réalités acoustiques et c’est sans doute la raison de l’absence d’indications métronomiques dans son œuvre d’orgue : il savait parfaitement que le choix d’un tempo dépend en grande partie des caractéristiques sonores du lieu de l’exécution. Interpréter cette musique dans une acoustique trop sèche reviendrait unpeu (toute proportion gardée) à jouer Chopin ou Debussy sur un piano dépourvu de pédales.

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