LDV49.1
31 LOUIS THIRY Il est une autre particularité de la relation de notre compositeur avec l’orgue : il n’hésite pas à se servir d’un instrument a priori destiné à la polyphonie, pour chanter de simples monodies (écoutons par exemple la lumineuse monodie intercalée entre les sombres grondements de l’Offertoire de la Messe de la Pentecôte . On parle toujours de Messiaen comme harmoniste de génie et comme rythmicien hors pair, mais c’est dans la mélodie qu’il semble être le plus profondément lui-même. Je voudrais citer à ce sujet la mélodie jouée au pédalier dans la Pièce en trio (cinquième pièce du Livre d’Orgue ). La question des registrations proposées par Messiaen mérite qu’on s’y arrête. Pour lui, on le sait, l’orguede référenceest celui de laTrinité. Pour laplus grande partie de son œuvre, les registrations sont donc prévues en fonction de cet instrument. Ce contact a conduit Messiaen à de magnifiques trouvailles : Les Mages ( La Nativité ), Les oiseaux et les sources ( Messe de la Pentecôte ), Les mains de l’abîme ( Livre d’Orgue ), etc. Mais pour lui, paradoxalement, si l’orgue est un instrument concret, pratiqué régulièrement, il est aussi un instrument rêvé. Certes, on connaît les exceptionnelles facultés auditives d’Olivier Messiaen, mais on sait également que dans l’audition, la subjectivité et l’imagination jouent un rôle non négligeables : il peut arriver que l’on n’entende que ce que l’on désire entendre.
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