LDV49.1

De 1972 à 2000, vous avez eu en charge la classe d’orgue du Conservatoire de Rouen. Que représente pour vous l’enseignement ? J e suis très heureux d’avoir enseigné. J’ai beaucoup aimé avoir en face de moi des personnes curieuses et assoiffées d'apprendre. L’enseignement m’a permis de connaître des étudiants très divers avec lesquels j’ai souvent gardé le contact. Ai-je eu une méthode d’enseignement ? J’ai l’impression qu’il n’y a pas une méthode mais une relation à établir avec quelqu’un. J’ai parfois eu beaucoup de satisfaction avec des personnes que l’on dit « pas très douées », mais que j’ai senties sortir d’elles-mêmes, se révéler, prendre plaisir à la musique, quand bien même elles ne faisaient pas de merveilles. En enseignant, je ne me suis jamais beaucoup posé la question de savoir si ceux que j’avais en face de moi étaient destinés à être professionnels ou non ; cela m’importait très peu. Ce que nous apprend avant tout l’enseignement, c’est que personne n’est semblable. C’est une évidence, mais à notre époque où l’on a tendance à beaucoup classer, on n’en tient pas assez compte. C’est pourquoi l’un des visages de l’enseignement que j’ai détesté, fut l’aspect « concours », « examen », « mise en concurrence », bref, le « culte de la réussite ». L’enseignement est une perpétuelle remise en question. Il me paraît essentiel de savoir accepter les différences, de ne pas avoir une idée trop définitive sur l’interprétation, le tempo…

RkJQdWJsaXNoZXIy NjI2ODEz