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JEAN-PHILIPPE COLLARD 15 Tableaux d’une Exposition est une pièce extrêmement visuelle. Quel rôle accordez-vous aux images dans votre interprétation ? J’ai bien sûr regardé les illustrations de Viktor Hartmann dont s’est inspiré Moussorgski, mais je les ai rapidement oubliées. Je m’intéresse moins à la « Porte de Kiev » ou au « Marché de Limoges » en tant que tels qu’à la couleur générale du morceau. Je suis perpétuellement dans la recherche de la couleur. Pour moi, les images interviennent plutôt dans le rapport que je cherche à tisser avec le public. Il m’arrive en effet de m’adresser au public pendant les concerts. J’éprouve parfois le besoin d’accompagner la musique de quelques mots sur les œuvres, car j’estime qu’il est de notre devoir d’interprète d’aller au plus près du cœur des gens. Pour cela, j’ai besoin de leur parler. Mais les Tableaux d’une exposition se passent de mots. C’est une œuvre merveilleuse, car le principe de communication y est à son maximum. Le public imagine qu’il va voir une exposition. Les titres sont déjà en eux-mêmes très évocateurs : « Gnome », « Tuileries », « Ballet des poussins », « Cabane de Baba-Yaga » … La composition prend tout son sens, parce que l’image est déjà présente et change toute la perception de la musique. Dans de telles circonstances, notre chemin est presque déjà tracé.
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