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12 RACHMANINOV// MOUSSORGSKI Vous avez déjà enregistré l’intégrale des concertos de Rachmaninov. Pourquoi les Moments musicaux ? Les Moments musicaux sont une œuvre fascinante. Rachmaninov n’avait que vingt- trois ans lorsqu’il les a composés et pourtant, il portait déjà en lui toute l’émotion, toute l’angoisse et toute la nostalgie qu’il exprimera dans la suite de son œuvre. J’ai déjà joué plusieurs fois certains Moments et j’y reviens toujours. Il y a quelque chose dans l’écriture qui donne le sentiment qu’il ne faut jamais lâcher le clavier, qu’il faut se maintenir tout le temps à l’intérieur de la musique pour pouvoir modeler les phrases et équilibrer son discours. On est sans cesse en train de « tenir » les lignes musicales, de les guider dans la bonne direction, on travaille lamatière comme une espèce de sculpteur du son. Il arrive parfois que certains passages des Moments sonnent comme de l’orgue. Rachmaninov parvient à de telles combinaisons sonores qu’elles atteignent parfois l’amplitude d’un lieu de culte. En les jouant, j’ai l’impression de me dépasser moi- même, de me transcender – c’est quelque chose de supérieur. Une fois passés tous les obstacles techniques bien sûr ! C’est en effet une pièce très complexe. Il faut bien savoir ce que l’on garde dans sa tête et ce que l’on met dans ses doigts. Comme me l’a dit un jour en plaisantant le chef d’orchestre Roberto Benzi : « Pour bien jouer Rachmaninov, il faut savoir jouer toutes les notes mais surtout ne pas toutes les jouer ! »
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