LDV38.1
17 CÉDRIC PESCIA Avez-vous été marqué par des gravures historiques au piano, celles de Sviatoslav Richter et d’Edwin Fischer, par exemple ? Assurément. Richter et Fischer ont enrichi ma culture musicale, mais aussi Walter Gieseking et Samuel Feinberg. Ils m’ont apporté le souffle de leur audace, leur « liberté de parole ». Bien que ces artistes aient été formés à la musique classique viennoise et à la musique romantique, ils n’éprouvaient aucune crainte à jouer ce répertoire. Il est vrai aussi que l’on considérait plus souvent l’œuvre de Bach pour sa qualité pédagogique que musicale. Aujourd’hui, nous sommes encombrés d’enregistrements de « référence » qui auraient tendance à bloquer nos propres interprétations. Le pianiste canadien Glenn Gould a joué un rôle salutaire de « dynamiteur ». En effet, son jeu d’une incroyable fantaisie, son esthétique, sa démarche provocante ont marqué des générations. Pour ma part, je ne me classe pas dans la catégorie des « excentriques » et, d’ailleurs, l’originalité pour l’originalité ne m’intéresse pas. Ce qui m’attire, en revanche, c’est la sincérité et la quête de la beauté. La beauté se découvre dans la dimension vocale de la musique vers laquelle je reviens toujours. Bach ne doit jamais cesser de chanter !
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