LDV38.1

15 CÉDRIC PESCIA Quel regard portez-vous concernant l’interprétation sur instruments anciens ? Pendant des années, j’ai considéré, à tort, que le génie de Bach avait surgi ex nihilo. La connaissance musicologique est essentielle. La question de l’organologie ouvre des perspectives importantes à l’interprète qui a pour obligation d’être « informé historiquement ». En effet, on ne peut ignorer la démarche des Gustav Leonhardt et Scott Ross, entre autres, qui ont abordé l’œuvre de Bach dans son contexte. L’artiste est le produit de son temps. Pour autant, je n’aurais pas envisagé de graver cette somme sur trois instruments différents. D’abord parce que je suis pianiste et nullement spécialiste d’autres instruments et, ensuite, parce que ce serait une solution de facilité. Je suis persuadé que le pianopermet –bienplus que le clavecin–de suggérer les voix d’un chœur ou bien les timbres d’un violon, d’un hautbois… De toute façon, le choix de l’instrument est un débat sans fin. Que représente le défi d’apprendre et d’enregistrer le Clavier bien tempéré ? À l’enregistrement, j’ai joué sans partition. Mon regard n’était plus accaparé par le papier et j’interprétais en pleine liberté. En concert, j’utilise la partition. Quatre jours d’enregistrement ont été nécessaires pour le Second Livre qui est plus complexe que le Premier, capté en trois jours seulement. J’ai gravé le Second Livre en deux sessions et j’ai longtemps hésité entre plusieurs prises très différentes de certains préludes et fugues.

RkJQdWJsaXNoZXIy NjI2ODEz