LDV38.1
12 BACH_LE CLAVIER BIEN TEMPÉRÉ N’est-il pas tout aussi fascinant que Bach ait réalisé une synthèse des esthétiques de son temps, en Europe, alors qu’il n’a jamais quitté l’Allemagne ? Son Italie « rêvée », ses emprunts indirects à lamusique française témoignent de son insatiable curiosité. On sait qu’il étudiait les mathématiques et qu’il possédait une prodigieuse collection d’instruments de musique. Son caractère encyclopédique n’avait rien à envier aux penseurs de la Renaissance. En « sacralisant » parfois son œuvre, n’avons-nous pas oublié la dimension pédagogique, utilitaire presque, de celle-ci à laquelle vous avez fait allusion ? Bach composait, en effet – et c’est bien l’objet du premier livre du Clavier bien tempéré –, pour ses élèves et, plus encore, ses fils. Cette incroyable générosité révèle aussi sa personnalité. Quel autre compositeur a laissé autant de pièces d’une si grande valeur dédiées à l’enseignement ? J’enseigne moi-même et Bach nous donne une leçon d’humanité. Il nous fait comprendre que la transmission est aussi essentielle et noble que le fait de se produire sur scène. Le Clavier bien tempéré offre un parfait équilibre en terme d’éducation musicale : le prélude délie les doigts et ouvre la porte sur l’improvisation puis la fugue structure la pensée. Plus remarquable encore : bien que Bach ait composé avec cette volonté didactique, il n’a jamais simplifié sa pensée.
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