LDV38.1

10 BACH_LE CLAVIER BIEN TEMPÉRÉ Vous éprouvez une sorte de fraternité à l’égard de Robert Schumann. En va-t-il de même avec Jean-Sébastien Bach ? Assurément pas. Mon admiration à son égard est de l’ordre de la dévotion. Que connaissons-nous de la vie de Bach ? À vrai dire, bien peu de choses en comparaison de Schumann dont l’œuvre est éclairée en grande partie par sa biographie. Et à supposer que l’on disposât miraculeusement d’informations nouvelles sur le quotidien de Bach, nous serions toujours déroutés. En effet, rien ne nous permet d’affirmer que telle pièce de caractère enjoué – comme les Concertos brandebourgeois , par exemple – est liée à unmoment heureux de sa vie. Ce peut être même tout à fait l’inverse ! La musique de Bach est unique dans l’Histoire de la musique, probablement parce qu’elle combine une forme de perfection formelle et d’expressions profondément humaines. Par conséquent, changer, ne serait-ce qu’une note dans le Clavier bien tempér é est de l’ordre de l’impensable. Et pourtant, dans cette somme, Bach nous dévoile en partie sa personnalité. Comment cela ? Prenons l’exemple de l’humour. On croit qu’il apparaît à une époque plus tardive, avec Mozart, Haydn et Beethoven. Chez Bach, dans le thème de la Fugue en Si bémol majeur du Premier Livre, il y a cette note répétée opiniâtrement dans le contre-sujet. Ne prête-t-elle pas à sourire ?

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